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Forte de son expérience olympique, de l'influence de son régime autoritaire et du projet ambitieux de sa candidature, Pékin, seule en lice avec Almaty, apparaît la mieux placée pour décrocher l'organisation des Jeux d'hiver 2022.
"L'odyssée est lancée!", a écrit samedi, visiblement optimiste, l'agence officielle Chine nouvelle avant la décision vendredi à Kuala Lumpur.
La Chine n'a jamais accueilli les jeux Olympiques d'hiver. Pékin pourrait donc devenir la première ville à avoir obtenu à la fois les Jeux d'été et d'hiver.
Avec une organisation quasi parfaite et un budget faramineux, les premiers jeux Olympiques en Chine -Pékin-2008- avaient permis au géant asiatique d'étaler sa puissance.
Comme il y a sept ans, la capitale peut compter sur la puissance financière et l'appui d'un régime à parti unique, qui se targue d'un soutien populaire massif pour cette candidature.
Pékin formera un tandem avec la ville-préfecture de Zhangjiakou, 200 kilomètres au nord-ouest, dans la province du Hebei, pour se partager les épreuves.
Le plus haut responsable de cette province vient de tomber pour corruption, mais cela ne devrait pas pénaliser la candidature chinoise.
- Pays non démocratiques -
La Russie de Vladimir Poutine a dépensé plus de 51 milliards de dollars pour ses Jeux d'hiver à Sotchi. Ce sont donc deux de ses voisins, chacun dirigé par un régime autocratique, qui s'affrontent pour 2022.
Almaty est la première ville du Kazakhstan. Dans ce pays, le plus riche d'Asie centrale, les élections n'ont jamais été reconnues comme libres par les observateurs internationaux.
"La dictature est désormais la seule voie possible" pour l'organisation des Jeux, estime Xu Guoqi, auteur de "Rêves olympiques: la Chine et les sports 1895-2008". En raison des précédentes additions salées des jeux d'hiver, "les pays européens ne veulent plus investir, sauf la Russie", ajoute-t-il.
La Chine n'a pas de telles préoccupations, souligne Susan Brownell, professeur de l'Institut de sinologie de l'Université de Heidelberg.
"Le coût des Jeux d'hiver est une question mineure pour le gouvernement chinois", dit-elle.
Selon elle, la riche loterie sportive nationale -7,24 milliards de dollars redistribués en 2014- financera plusieurs projets d'infrastructures.
Le budget annoncé de 3,06 milliards de dollars semble raisonnable, la candidature chinoise assurant limiter la facture en recyclant des sites des JO de 2008, comme le Nid d'oiseau (stade olympique) pour les cérémonies d'ouverture et de clôture.
Les sports de glace se dérouleront dans le centre de Pékin, le ski alpin, le bobsleigh, le skeleton et la luge se tiendront eux à Yanqing, dans la banlieue de la capitale. Zhangjiakou accueillera le reste.
- Rivalité régionale -
Ce projet très éclaté rend cruciale la question du transport et sous-entend des coûts réels plus élevés. Le budget annoncé n'inclut pas les nouvelles infrastructures nécessaires, dont le TGV en cours de construction entre Pékin et Zhangjiakou, qui doit réduire à 50 minutes le déplacement, contre plus de trois heures actuellement.
Les médias d'Etat chinois ont estimé son coût à 5 milliards de dollars.
Mme Wang Hui, porte-parole de la candidature, a déclaré à l'AFP que ces Jeux ont aussi pour objectif de donner naissance à 300 millions de nouveaux adeptes des sports d'hiver.
"Nous voulons montrer à notre pays que les activités physiques de plein air ne commencent pas en avril pour se terminer en octobre", a-t-elle insisté.
Selon un sondage, "Pékin 2022" est soutenu par 88% des habitants de Pékin et 92% des Chinois.
Pour Xu Guoqi, également professeur d'histoire à l'Université de Hong Kong, ces Jeux visent aussi à promouvoir la légitimité du Parti communiste: "Ils ont besoin d'organiser de tels grands événements pour contenter le peuple".
Alors qu'avec les Jeux de 2008 la Chine s'est affirmée sur la scène mondiale, la candidature 2022 a probablement plus à voir avec une rivalité interrégionale, avance Susan Brownell, auteur de "Les Jeux de Pékin, la signification des jeux Olympiques pour la Chine".
La candidature de Pékin a en effet été annoncée dans la presse début novembre 2013, deux mois seulement après que Tokyo eut emporté l'organisation de ses deuxièmes JO d'été en 2020. Et les jeux d'hiver 2018 se dérouleront eux à Pyeongchang, en Corée du Sud.