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© AFP/Samuel Kubani
Gian Franco Kasper, président de la Fédération internationale de ski (FIS), à Sölden (Autriche), le 25 Octobre 2013
La possibilité de faire jouer la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, en pleine saison hivernale, irrite les sports de neige et de glace qui craignent d'être écrasés par la fièvre du ballon rond.
Pendant que le foot veut échapper à la canicule de l'été dans l'émirat, les sports d'hiver veulent défendre leur pré-carré hivernal, qui plus est sur une année olympique.
La Fédération internationale de ski (FIS) a pris dimanche la tête d'une farouche contestation, agacée de voir que la Fifa, la puissante fédération de football, envisage de décaler le Mondial à une autre période que les traditionnels mois de juin-juillet.
La FIS souhaite "soumettre une proposition aux six autres fédérations internationales (de sports olympiques d'hiver) pour qu'elles signent toutes un texte contre l'organisation par la Fifa de la Coupe du monde 2022 durant l'hiver".
Le hockey sur glace, qui n'a guère plus envie de se faire marcher sur ses plates-bandes, y est favorable. "Je pense que l'on va faire partie de ce front uni. On doit travailler en famille", a déclaré à l'AFP le président de la FIHG, René Fasel.
"On n'oublie pas que le foot est le sport N.1 dans le monde. C'est clair que c'est une concurrence. Nos clubs peuvent en subir les conséquences au point de vue spectateurs", a fait valoir le Suisse, qui siège à la commission exécutive du Comité international olympique (CIO).
Le ton est encore plus ferme de la part du patron international du biathlon (IBU), le Norvégien Anders Besseberg: "La Fifa n'a pas besoin de nous consulter parce que c'est clair: nous ne voulons pas que la Coupe du monde finisse plus tard que la fin novembre."
"Ils se croient les rois du monde"
"Normalement, elle relève des sports d'été et ne doit pas intervenir dans la saison qui est celle des sports d'hiver", a expliqué le Norvégien à l'AFP. "Cela mérite une sérieuse discussion une fois qu'on en saura plus sur la décision de la Fifa".
Le football s'est donné au moins jusqu'à la fin du prochain Mondial-2014 au Brésil avant de trancher. Le temps de pouvoir sonder ses partenaires, des clubs aux sponsors en passant par les ligues, qui devraient elles aussi adapter leurs propres calendriers nationaux en cas de déplacement du Mondial en hiver.
Mais le patron de la FIS, le Suisse Gian Franco Kasper, ne cache pas son agacement face au comportement jugé cavalier de la Fifa, présidée par son compatriote Joseph Blatter.
"Personnellement, je ne crois pas que quelqu'un au sein de la Fifa se soucie de nos intérêts", a-t-il lâché lors de l'ouverture de la saison de Coupe du monde de ski alpin en Autriche, fin octobre. "Ce sont les rois du monde, ou du moins, ils le croient. Et ils font ce qu'ils veulent".
Une exaspération qui semble largement partagée. "Je pense que mon collègue Kasper n'a pas tort", confie Ottavio Cinquanta, le président de la Fédération internationale de patinage (Fisu).
"Il faut se rappeler que M. Blatter est Suisse, président d'une Fédération internationale et membre du Comité international olympique, il doit discuter avec les collègues", a estimé l'Italien, lui aussi au CIO, en prônant "une coopération loyale et respectueuse".
Le CIO lui-même entend être consulté par la Fifa "afin de coordonner et d'éviter tout effet sur ??les Jeux d'hiver" de 2022, dont la ville-hôte sera désignée fin juillet 2015.
La bataille ne fait que commencer. Et le foot sera manifestement tiraillé bien au delà de ses propres stades. René Fasel souligne que bien des choses peuvent changer d'ici la décision définitive de la Fifa. Aussi, selon lui, "il faudra s'énerver quand ce sera le moment".