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© AFP/KAZUHIRO NOGI
La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, prononce un discours sur la réforme de la mégalopole le 29 septembre 2016
Face à un budget menaçant de s'envoler et à l'avenir "vague et très abstrait" des futures installations, la ville de Tokyo, hôte des JO-2020, pourrait décider de déplacer ou de réduire fortement le coût de trois sites olympiques, a annoncé jeudi la nouvelle gouverneure de la mégapole.
Un groupe d'universitaires et de dirigeants d'entreprises ont remis des propositions à Yuriko Koike comprenant une refonte des équipements de natation, de volley-ball, d'aviron et de canoë-kayak, dont le coût est actuellement estimé à 1,34 milliard d'euros.
Elue fin juillet et connue pour son franc-parler, l'ancienne ministre et sénatrice, première femme à accéder à ce poste, avait immédiatement ordonné une révision du budget des JO-2020. Celui-ci, en constante augmentation, pourrait selon un des experts du panel dépasser les 3.000 milliards de yens (près de 27 milliards d'euros).
"Je prends ce rapport très au sérieux", a déclaré jeudi Mme Koike devant la presse. "Après en avoir discuté avec les personnes chargées des jeux Olympiques, je prendrai une décision dès que possible. Nous ne pouvons pas léguer ce fardeau aux habitants de Tokyo."
Le professeur Shinichi Ueyama, de l'Université de Keio, qui fait partie des rédacteurs du massif rapport de 97 pages, a averti que le coût des Jeux de Tokyo, initialement estimé à 734 milliards de yens, pourrait être multiplié par quatre. "Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas de directeur général ni de directeur financier" pour contrôler le budget, a-t-il observé.
Le document souligne que certains athlètes sont opposés au projet de site d'aviron et canoë-kayak Sea Forest Waterway, estimé à 49 milliards de yens, en raison d'inquiétudes sur son accès et sur le vent. Il n'existe par ailleurs, selon le rapport, "aucun projet financier concret pour son utilisation après les jeux Olympiques".
- Revers en série -
Un plan d'eau existant, situé dans la préfecture de Miyagi, à quelque 400 kilomètres au nord de Tokyo, pourrait être utilisé comme solution de rechange, suggère le groupe d'universitaires et patrons.
Des experts ont également proposé d'avoir recours à une piscine existant déjà à Tokyo plutôt que de construire un nouveau centre aquatique d'un coût estimé à 68,3 milliards de yens. "En théorie, il doit y avoir un nombre de sites déjà construits. Il est très problématique que de telles solutions n'aient pas été prises en considération", constate le document.
Le cas du volley-ball a lui aussi attiré l'attention des auteurs de l'étude remise à la gouverneure, qui s'interrogent sur l'opportunité de dépenser 40 milliards de yens pour un nouvel équipement.
Ils ont également qualifié les projets d'utilisation des sites après 2020 de "vagues et très abstraits".
D'autres villes s'interrogent sur la nécessité d'engager des dépenses fastueuses pour les JO, quand bien même il s'agit du roi des événements sportifs internationaux. La nouvelle maire de Rome, Virginia Raggi, a enterré la semaine dernière la candidature de la Ville éternelle pour 2024. "Non aux Jeux du béton ! Absolument non ! Non aux cathédrales dans le désert", avait-elle lancé.
A quatre ans de l'échéance, le Japon accumule les revers. Le stade Olympique n'est pas encore sorti de terre, après l'abandon du projet initial jugé trop onéreux. Parmi les autres déboires, les organisateurs ont dû changer de logo, le designer choisi ayant un passif de plagiats. Plus grave, la victoire de Tokyo, face à Madrid et Istanbul en septembre 2013, est entachée de soupçons de versements de pots-de-vin sur lesquels enquête la justice française.