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© AFP/Toshifumi Kitamura
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe (c) défendant la candidature de la capitale japonaise aux JO d'été de 2020 à Tokyo, le 23 août 2013
Les autorités nippones font tout pour que le drame de la centrale de Fukushima ne ruine pas la candidature de Tokyo aux JO-2020, et certains craignent une tendance à la désinformation si la mégapole nippone l'emportait samedi.
La semaine dernière, une commission d'enquête parlementaire sur de récentes fuites d'eau radioactive a par exemple reporté ses travaux à la mi-septembre. Une décision motivée en coulisses par la volonté de ne pas interférer sur le choix de la ville d'accueil des jeux Olympiques 2020 prévu samedi à Buenos Aires, selon le quotidien Asahi Shimbun.
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui se rendra dans la capitale argentine pour plaider la cause de Tokyo-2020 devant le Comité international olympique (CIO), a voulu rassurer en jurant cette semaine que l'Etat allait s'impliquer dans la gestion du site de Fukushima, victime dernièrement de nombreuses fuites d'eau hautement contaminée malgré les dénégations initiales de l'opérateur Tepco.
"Eh bien, ce n'est pas trop tôt: le gouvernement semble se bouger, on dirait qu'il ressent enfin l'urgence de la situation et la nécessité de ne pas confier la responsabilité des travaux à Tepco. La raison ? Il a la trouille pour la candidature de Tokyo aux JO", a réagi un travailleur de la centrale sur Twitter, sous le pseudonyme Happy.
Les promoteurs de la candidature tokyoïte assurent pourtant que la situation du complexe atomique ne pose aucun problème de sûreté pour les JO.
"Tokyo est une ville sûre: toutes les mesures de radioactivité de l'air et de l'eau ne présentent aucune anomalie. De plus le gouvernement va prendre ses responsabilités et s'attaquer au problème de fuite d'eau contaminée dans la mer", a pour sa part plaidé le président du comité de candidature de Tokyo, Tsunekazu Takeda, dans une lettre adressée fin août au CIO.
Reste que la débâcle de l'eau, qui fait la une des médias, n'est qu'un souci parmi tant d'autres et nul ne saurait prévoir ce qui peut arriver d'ici à 2020 dans ce complexe atomique mis en péril par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.
© AFP/
Photo diffusée par Tepco le 1er septembre 2013 montrant le ministre japonais de l'Economie et de l'Industrie Toshimitsu Motegi (casque rouge) lors d'une inspection de la centrale de Fukushima, le 26 août 2013
Les installations fragilisées sont en outre à la merci d'une nouvelle catastrophe naturelle (séisme, tsunami, typhon, etc.), possible à tout instant au Japon et dont les conséquences sont imprévisibles. A la moindre secousse touchant la région, comme une fois encore ce mercredi, tout le monde s'inquiète de la situation à la centrale.
De plus, d'importants travaux risqués auront lieu d'ici à 2020, à commencer par l'opération délicate de retrait du combustible usé des piscines de désactivation, qui doit débuter en novembre.
"Il existe un vrai risque de dissimulation d'informations sur Fukushima, par collusion entre l'Etat, Tepco, les industriels et une partie des médias de masse", prévient Takashi Uesugi, essayiste et journaliste.
"Il y a bien sûr une possibilité d'aggravation de la situation à la centrale, mais plus la date des JO approchera, plus la tentation existera de minimiser, comme cela a déjà été le cas par le passé", dénonce-t-il, reflétant un sentiment diffus dans la population nippone.
"Moi aussi, j'aimerais bien que les JO se déroulent à Tokyo en 2020, mais d'ici-là on ne peut guère espérer que sera apaisée la crise de Fukushima", souligne l'ex-député de centre-gauche Hiroshi Kawauchi.