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© AFP/Sebastien Bozon
Les annaux olympiques sur le bâtiment du Comité international olympique (CIO) à Lausanne le 8 mai 2012
Istanbul, qui fin mai semblait en bonne posture pour décrocher les jeux Olympiques 2020, après quatre essais malheureux, tente désormais de limiter les dommages collatéraux causés à sa candidature par deux semaines de manifestations, à moins de trois mois du choix du CIO.
Le 30 mai, à Saint-Pétersbourg, où la métropole turque et ses deux rivales Tokyo et Madrid avaient présenté leur dossier devant le gotha des dirigeants sportifs réunis pour la convention SportAccord, la métaphore du "pont jeté ensemble" entre Europe et Asie avec des JO qui auraient le Bosphore pour superbe toile de fond semblait bien séduisante.
Mais samedi à Lausanne, où les trois villes candidates se sont livré à un exercice similaire devant quelque 200 comités olympiques nationaux, les mêmes images de cartes postales dégageaient une tout autre appréciation des "délices turcs".
Le comité de candidature a bien fait quelques allusions à la contestation qui secoue le pays pour tenter de convaincre que sa métropole n'en serait qu'"une ville-hôte encore meilleure en 2020".
"Le chemin d'une nation démocratique n'est pas toujours facile, mais c'est un chemin juste", a ainsi fait valoir dans son allocution Ugur Erdener, le président du Comité olympique turc.
La candidature à des JO, un marathon
"Vous nous avez vus à la télévision mais ne vous méprenez pas ! Tout le monde veut avoir les Jeux", a souligné l'espoir du tennis turc Cagla Büyükakçay, qui avait pour tâche d'incarner cette jeunesse tant mise en avant dans le dossier d'Istanbul-2020.
Le Comité international olympique (CIO), qui a pour coutume de ne pas commenter les candidatures en cours, n'a pas dérogé à cette règle. Ses rares membres qui se sont exprimés sur le sujet ouvertement, comme l'Allemand Thomas Bach ou le Suisse Denis Oswald, tous deux candidats à la présidence, ont rappelé que chaque prétendante avait connu son lot de manifestations et qu'Istanbul postulait à des Jeux qui auront lieu dans sept ans.
Mais un autre membre, sous couvert d'anonymat, a confié à l'AFP qu'il n'était plus sûr désormais de voter en faveur d'Istanbul, le 7 septembre, à Buenos Aires: "Quand on voit le mécontentement des habitants pour la construction d'un centre commercial, alors on peut imaginer ce que pourraient être les protestations si Istanbul gagnait les Jeux, et ce qui se passerait lors du début des travaux".
Lors d'un court point de presse samedi, Hasan Arat, à la tête d'Istanbul-2020, a réfuté l'idée que les choses pouvaient être déjà pliées pour la candidature stambouliote.
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Le président d'Istanbul 2020 Hasan Arat (à gauche) et le maire d'Istanbul Kadir Topbas le 7 janvier 2013 à Lausanne.
"C'est comme un marathon et vous devez jouer le jeu jusqu'au bout. Vous pouvez avoir des hauts et bas. Mais la chose la plus importante, c'est que nous sommes ce que nous sommes. Rien n'a changé pour nous. Nous sommes un pays jeune et dynamique", a estimé l'ancien joueur de basket.
"Terroristes"
Pour Michael Payne, qui fut directeur de marketing du CIO avant de passer consultant, "chaque candidature est un grand huit". Tout est "une question d'équilibre" selon lui et la façon dont le gouvernement turc fait face à la contestation reste la clé pour les chances d'Istanbul. "Il y a dix ans en arrière, vous n'auriez probablement rien vu de tel, c'est le signe que le pays évolue vers une démocratie", pointe-t-il.
Grand connaisseur du mouvement olympique, l'universitaire suisse Jean-Loup Chappelet est lui convaincu que la façon dont le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a traité les manifestants de "terroristes" va avoir un impact sur le choix du CIO.
"Les membres du CIO sont très prudents, ils font des déclarations générales sans dire vraiment ce qu'ils pensent, car il faut que les trois candidates restent en lice pour avoir un vrai choix", estime ce professeur à l'Institut de hautes études en administration publique de Lausanne. "Dire que tout va bien est dans leur propre intérêt et ils choisiront ce qu'ils veulent. Mais ce sont des citoyens du monde, ils sont au courant de tout ce qui se passe et tiendront compte de tout ce qui se passe."