Happy Birthday : |
© AFP/Charles Platiau
Le ministre française des Sports Valérie Founeyron.
A un an de l'ouverture des Jeux d'hiver en Corée du Sud, la plupart des installations olympiques sont terminées ou presque, mais les organisateurs doivent désormais s'activer pour inciter les fans à entreprendre le long voyage jusqu'en Asie du Nord-Est.
Les 23es Jeux d'hiver de Pyeongchang sont l'occasion de vanter les technologies de la Corée du Sud, sa culture et sa gastronomie. Mais à un an du top départ, le marketing a plutôt brillé par son absence.
Face à l'arène qui accueillera la cérémonie d'ouverture, Lee Yong-Oon, qui tient un commerce de poissons séchés, a des doutes: même si les lieus qui pendent sur ses séchoirs sont une spécialité locale, il pense que les Occidentaux les trouveront "un peu durs à manger". Il explique à l'AFP qu'il ne prévoit d'ailleurs pas d'augmenter la production pour l'hiver prochain.
Nombre de Sud-Coréens se disent fiers d'accueillir les Jeux, alors que les ouvriers installent déjà les gradins supérieurs du site qui accueillera la cérémonie d'ouverture.
La seule installation sportive encore inachevée est une pente destinée à la descente - aucune des stations sud-coréennes existantes n'avait de montagnes suffisamment hautes pour répondre aux exigences olympiques. Mais même là, les travaux sont achevés à 85%.
Toutefois, sur la route qui relie Séoul à Pyeongchang - distante de moins de 200 km -, la première mention des JO est un panneau blanc tout simple à une trentaine de kilomètres du site.
- Vendre les Jeux -
La situation tranche singulièrement avec celle de la Chine, où les panneaux d'affichage hérissent déjà les abords des autoroutes à plus d'une heure des sites qui n'accueilleront les Jeux d'hiver qu'en 2022.
La promotion "est un sujet fondamental", reconnaît Christophe Dubi, directeur des JO au Comité international olympique (CIO). Le site est en effet à un vol intercontinental des marchés traditionnels de l'olympisme, l'Amérique du Nord et l'Europe.
"Il faut les vendre ces Jeux, et l'enjeu aujourd?hui -et on a en parlé ouvertement avec les organisateurs de Pyoengchang- c'est ça, c'est d'engager cet effort à la fois au niveau coréen et au niveau international", dit-il à l'AFP. "Le reste du travail, ils ne l'ont pas mal fait du tout".
Les médias sud-coréens ont exprimé leurs inquiétudes. Dans un éditorial cinglant, le journal Chosun Ilbo se plaint qu'il n'y a "ni excitation ni buzz autour des JO" et met en garde contre le risque "d'embarras international".
L'élan sera donné jeudi, quand les billets seront mis en vente en Corée du Sud, rétorque Lee Hee-Beom, président du Comité organisateur des JO de Pyeongchang (Pocog). A l'international, les dates dépendent des différents comités olympiques.
Les meilleures places pour la cérémonie d'ouverture ou la finale hommes de hockey sur glace seront vendues 1,5 million de wons (1.200 euros) mais assister à certaines disciplines comme le biathlon n'en coûtera que 20.000 wons (16,40 euros).
"A compter du 9 février, on va faire campagne, on va accélérer les activités promotionnelles à travers le pays et le monde", avec des publicités sur les autobus et sur les télévisions internationales, prédit M. Lee.
- 'Pour Asiatiques' -
© AFP/Laurence CHU , Gal ROMA, Vincent LEFAI
Jeux olympiques d'hiver 2018
Pour l'instant, les JO d'hiver n'ont été organisés que dans 12 pays, tous en Europe ou en Amérique du Nord à l'exception du Japon (1972, 1998).
Terminés les "Jeux pour les Européens, les Jeux pour les Américains": avec Pyeongchang, puis Pékin, "les sports d'hiver deviennent des Jeux pour Asiatiques", souligne M. Lee.
La preuve: les autorités chinoises ont pour objectif d'avoir 300 millions d'amateurs de sports d'hiver d'ici 2022.
Mais en Corée du Sud, à la station de Yongpyong où se tiendront les épreuves de slalom, le guide Uno Wang qui accompagne les touristes chinois depuis 15 ans met en garde contre la tentation de trop compter sur l'intérêt du voisin géant pour les épreuves de l'an prochain.
"Nous présentons les JO aux gens qu'on fait venir ici mais ils ne manifestent pas beaucoup d'intérêt", explique-t-il. "C'est généralement comme ça en Asie orientale. La Chine n'est pas vraiment fan de sports, et surtout pas de sports d'hiver".
De plus, l'ombre du projet de déploiement en Corée du Sud du bouclier antimissiles américain THAAD, qui irrite Pékin au plus haut point, plane sur le tourisme venu de Chine. Pékin a pris des mesures perçues par Séoul comme de la rétorsion économique.
M. Wang dit que le nombre de ses visiteurs a ainsi déjà chuté de 30 à 50%. Si le THAAD est effectivement déployé, "leur nombre va peut-être décroître encore, de 70 à 80%", prévient-il. "C'est un problème très grave".