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Presque incapable de marcher en raison d'un dos cabossé et conduit chaque matin en chaise roulante sur le site des compétitions de voile, Billy Besson, blessé à trois semaines des Jeux, est pourtant encore en course pour une médaille olympique mardi à Rio et pour un improbable exploit.
"Il faut imaginer des coups de poignard dans le dos": c'est ainsi que le Tahitien décrit les douleurs qui le terrassent et l'obligent à rester allongé, en dehors des régates sur Nacra, un catamaran très exigeant sur le plan physique.
Pour endurer les deux ou trois heures quotidiennes à souffrir sur le trampoline à chaque virement, pour se mettre au trapèze (rappel suspendu en dehors du bateau) et pour se plier en deux pour glisser la tête sous la baume, Besson prend des anti-inflammatoires et a subi au moins une infiltration avant les Jeux.
Tout a commencé à Quiberon (Morbihan), deux semaines avant le départ pour Rio, où les quadruples champions du monde sont promis à l'or. Pendant un entraînement, le catamaran enfourne (pique la tête la première dans l'eau). Le choc est violent. Verdict des médecins: hernie discale.
Branle-bas de combat à la Fédération française de voile (FFV), avec l'aide du Comité national olympique (CNOSF).
Le départ de Besson est avancé d'une journée. Il prend l'avion en "business class" pour bénéficier d'une position allongée et le médecin de la FFV, Olivier Castagna, le prend en charge, aidé par celui du CNOSF.
La situation est tendue. Guillaume Chiellino, directeur de l'équipe de France, assure à l'AFP, à cinq jours des premières courses, que "Billy ne sera pas forfait et participera même s'il n'est pas à 100%". Chiellino ne parle pas alors de hernie discale.
- Débuts catastrophiques -
Les débuts de Besson aux côtés de Marie Riou sont catastrophiques, avec une 7e place puis une 19e, très loin des attentes. Au soir du premier jour, beaucoup pensent que le duo ferait peut-être mieux d'abréger les souffrances.
L'idée d'un abandon lui a-t-elle traversé l'esprit? "Non, ce n'est pas possible", rétorque le marin, né de parents métropolitains sur un bateau à Tahiti.
Installé avec le reste de l'équipe de France dans un hôtel à dix minutes de la marina, Billy est transporté chaque matin en voiture, puis parcourt dans un fauteuil roulant les quelques centaines de mètres jusqu'au parc à bateaux et s'allonge sur le flanc, sur une couverture, à l'ombre d'un arbre. Pendant ce temps, sa coéquipière Marie Riou prépare le bateau.
"On ne lâchera rien jusqu'au bout", confie la Brestoise qui n'a pas consenti tous ces sacrifices depuis quatre ans pour s'arrêter là.
"On est vraiment impressionné par ce que Billy est capable de faire dans ces conditions", confie l'Allemande Carolina Werner, 13e au classement général des Nacra avec son partenaire Paul Kohlhoff. "Quand on l'a vu arriver le premier jour en chaise roulante, on se demandait comment il allait pouvoir naviguer sur cette mer formée et avec les vents forts qu'il y avait", ajoute la jeune femme, éliminée de la course à la médaille qui réunit les dix premiers équipages.
"Il était temps que Rio nous sourie", ajoute Besson, venu une seule fois à la rencontre des journalistes, plié de douleur et soutenu pour marcher par Chiellino.
Le Christ Rédempteur, que le marin cherche ce jour-là du regard, lui apportera-t-il une dernière dose de courage pour la course à la médaille, alors que, mathématiquement, les Français, 7e à 18 points des leaders argentins Santiago Lange et Cecilia Carranza Saroli, peuvent encore viser la médaille d'or? Réponse mardi vers 14h00 à Rio (19h00 françaises).