Happy Birthday : |
© AFP/Jack GUEZ
Le président du Comité olympique irlandais Patrick Hickey (OCI) suit un combat de judo lors des JO-2016, le 7 août à Rio
L'enquête indépendante sur la revente illégale de billets pour les JO de Rio par des membres du Comité olympique irlandais (OCI) cristallise déjà les critiques en Irlande avant même son ouverture imminente.
C'est un ancien juge de la Cour suprême, Carroll Moran, qui a été désigné par le gouvernement pour piloter cette enquête dont les investigations s'étendent aux JO de Londres en 2012 et de Sotchi en 2014.
L'objectif est de faire la lumière sur la responsabilité de l'OCI, en premier lieu de son président, Patrick Hickey, arrêté le 17 août à Rio en pleins JO et écroué, avant d'être libéré mardi pour raisons de santé.
Le gouvernement irlandais a vertement critiqué la gestion de l'affaire par l'OCI et laissé planer la menace de revoir son aide financière qui, avec 500.000 euros, représente un tiers du budget de l'institution.
Alors que la colère gronde au pays du Trèfle, l'OCI, qui se défend de toute action illicite, a commandé son propre audit interne au cabinet Grant Thornton.
Le juge Carroll Moran a douze semaines pour réaliser la mission que lui a confiée le ministre des Sports Shane Ross la semaine dernière.
Mais le fait que son enquête n'ait pas de pouvoir contraignant sur les témoins pousse d'ores et déjà certains à conclure qu'elle ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau.
"On est face à un scandale de dimension planétaire, mais tant qu'on ne peut pas obliger les gens à témoigner il est difficile d'imaginer comment on pourra aller au fond des choses", déplore Imelda Munster, responsable du sport dans le parti d'opposition Sinn Fein.
Les questions qui se posent sont pourtant nombreuses. Notamment celle de savoir comment des milliers de billets réservés à l'OCI ont fini dans les mains de l'entreprise THG, spécialisée dans la vente de billets, dont l'un des dirigeants, Kevin James Mallon, a également été arrêté à Rio, le 5 août, jour de l'ouverture des Jeux.
-'Manque de transparence'-
THG Sports était autorisée à revendre des billets pour les JO de Londres-2012 et Sotchi-2014, mais pas pour ceux de Rio-2016.
Robert Troy, délégué aux sports au Fianna Fail, le principal parti d'opposition irlandais, note, lui, qu'il y a manifestement eu "un manque de transparence et de responsabilité".
Au total, le trafic a généré une recette "d'au moins 10 millions de réais (2,8 millions d'euros). La valeur faciale des tickets saisis est de 626.000 réais, mais ils étaient revendus jusqu'à 30 fois leur prix", selon la police brésilienne.
Le président du comité olympique Patrick Hickey, 71 ans, est la personnalité la plus importante impliquée dans ce scandale. Les images de son arrestation, nu dans sa chambre d'hôtel, ont fait le tour du monde.
Sa famille a dénoncé "une épreuve dégradante et humiliante" alors que M. Hickey, qui était également président de l'association des Comités olympiques européens (EOC), a démissionné "temporairement" de toutes ses fonctions dans le mouvement olympique.
Mais en Irlande, le sort réservé au septuagénaire, qui était encore assigné à résidence à Rio jusqu'à mardi dernier puis libéré pour raisons de santé, n'a soulevé aucune compassion.
Dans un pays frappé durement par l'austérité, on n'a pas du tout apprécié cet étalage au grand jour des trains de vie luxueux des hauts représentants du sport national et de leurs dérives.
"De mon point de vue d'ancien athlète, nous avons un devoir d'exemplarité. La plupart des sportifs gagnent très peu d'argent, ils le font par amour du sport. Le moins qu'on puisse attendre de personnes censées être les gardiens de ce sport c'est qu'elles soient intègres", a commenté l'ancienne championne du monde en salle du 100 m haies, Derval O'Rourke, au micro de la radio-télévision publique RTE.