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C'est la jeunesse triomphante! Au lendemain de l'argent olympique de Jean Quiquampoix (20 ans) en pistolet vitesse, Alexis Raynaud s'est adjugé à 21 ans une médaille de bronze pleine d'aplomb et de promesses en carabine trois positions, dimanche à Rio.
Galvanisés par la même ambition décomplexée et forts de la même maturité déconcertante, Quiquampoix et Raynaud, tous deux licenciés du TS Antibes, font soudainement souffler un vent de fraîcheur sur un tir français longtemps plongé dans une routine "de sénateur", dixit le Directeur technique national Gilles Muller.
"On est une génération qui pousse les +vieux+ et qui vient prendre la place", sourit ainsi Raynaud, paré de sa médaille de bronze dans la discipline-reine de la carabine.
"On venait pour gagner, pas pour faire de la figuration", poursuit le vice-champion d'Europe. "C'était clair et net, je voulais être prêt pour 2016 et pas pour 2020. Je n'ai pas envie de perdre du temps. J?ai fait des sacrifices et je voulais que ça paie maintenant. Je travaille autant que les autres. J'ai moins d'expérience que les anciens mais je suis peut-être plus fou."
Fou, il faut l'être d'une certaine manière pour s'infliger 5 à 6 heures par jour de répétitions de gammes - tir agenouillé, couché, debout - afin de tenir sans ciller le marathon des 2 heures 45 minutes de qualifications, ponctuées de 120 balles et achevées dimanche à la 5e place.
"Le fait qu'Alexis puisse le faire, ça en dit long sur sa personnalité et son avenir", souligne son entraîneur Pascal Bessy. "Ca révèle une énorme force de caractère, une énorme endurance sur le plan mental."
"C'est un garçon calme, qui a un tempérament méridional très sympathique", détaille encore Bessy. "Par contre, il a une volonté de gagner, de réussir, énorme."
- 'C'est à mon tour' -
Comme Quiquampoix la veille, Raynaud a bluffé les observateurs par son sang-froid en finale. Si le premier avait époustouflé en s'offrant une folle remontée jusqu'à l'argent, le second a rendu une copie solide et constante (3e à l'issue du genou, 4e après le couché), avec quelques coups d'éclat debout, comme ce tir parfait crédité de 10,9 pts en élimination directe, quasiment synonyme de podium.
"Jean m'a montré comment faire", assure ainsi le natif de Grasse (Alpes-Maritimes). "Peut-être que c'est ça aujourd'hui qui m'a fait décoller, qui m'a fait ne rien lâcher jusqu'au bout parce qu'au milieu, je n'étais pas très bien. Je me suis dit: +C'est à mon tour.+"
Derrière l'Italien Niccolo Campriani (458,8 pts) qui a conservé son titre olympique en dépassant au dernier tir le Russie Sergey Kamenskiy (458,5 pts), Raynaud (448,4 pts) s'est ouvert le champ des possibles en raflant cette deuxième médaille de l'histoire du tir français en carabine trois positions, après Jean-Pierre Amat , sacré en 1996 à Atlanta.
"Aujourd'hui je vais me contenter de la troisième place et dans quatre ans j?irai chercher l'or", promet-il ainsi.
L'olympiade qui s'annonce devrait lui offrir davantage de confort puisqu'il vient de signer un contrat d'image avec la gendarmerie. Une bénédiction.
"Je ne gagne pas ma vie dans mon sport", relève-t-il. "Je vis encore chez mes parents, je ne peux pas prendre tout mon matériel à mes frais."
Ce passionné d'armes, qui vient d'une famille de chasseurs mais n'a poussé la porte d'un stand de tir qu'à l'adolescence, goûterait bien aussi à une formation d'armurier, afin de préparer l'avenir. Qui s'annonce doré.