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En déroulant assez tranquillement le fil d'un scénario pourtant renversant, le Français Jean Quiquampoix, âgé de 20 ans seulement mais d'une maturité déconcertante, a raflé l'argent de l'épreuve olympique de pistolet vitesse samedi à Rio.
Les plus secoués par cette première médaille française dans l'histoire de la discipline étaient peut-être Hervé Carratu et Laurent Sasso, les deux entraîneurs du jeune prodige. Le palpitant à 200, ils ont observé Quiquampoix rater totalement son entrée dans la finale pour revenir ensuite avec un aplomb époustouflant sur ses concurrents.
"C'était fort, hein", souffle Sasso. "Grandiose ! Il a sorti les bonnes séries quand il le fallait."
Quiquampoix, lui, n'y voit que de la logique. Tout juste serait-il déçu de ne pas avoir réussi à avaler dans sa remontée l'Allemand Christian Reitz, qui se pare d'or à 29 ans.
"Je suis très content, consent-il tout de même. Après ce n'est pas une énorme surprise parce que j'avais fait beaucoup d'efforts pour ça."
Cette première récompense olympique, qui en appelle forcément d'autres, est l'aboutissement intermédiaire d'un parcours déroulé en accéléré, sous le signe du "sérieux, du professionnalisme et de la maturité", dixit Carratu.
"Il a de l'ambition et se donne les moyens de la mettre en place", résume le Directeur technique national Gilles Muller. "Il a une aura naturelle qui se dégage, du charisme. Quand il est sur un pas de tir, il en impose."
Vainqueur d'une étape puis de la finale de la Coupe du monde l'an dernier alors qu'il n'était que junior, il s'est dès lors affirmé comme un prétendant au podium olympique, en impressionnant tout le monde par son sang-froid.
Contrairement à une partie du circuit, Quiquampoix apporte un soin particulier à sa condition physique, comme en témoigne sa silhouette athlétique (1,89 m, 85 kg).
Cela lui permet notamment de contrôler la tension en finale, un paramètre qui a été déterminant après avoir manqué sa première série (2/5).
"Je me suis dit: c'est mal barré. Mais je suis resté sur des choses simples, globales, comme faire baisser le rythme cardiaque", explique-t-il.
- "Un autre homme" en finale -
Surtout, c'est son instinct de tueur en finale qui s'est réveillé, lui qui affectionne tout particulièrement l'exercice. "La finale, ça me parle, c'est ludique", décrypte-t-il.
"En finale, c'est un autre homme", abonde son entraîneur Laurent Sasso. "A l'entraînement, on simule beaucoup de finales. On se lance des paris, pour essayer de mettre la pression: celui qui va balayer le stand, celui qui va payer l'apéro, celui qui n'aura pas de dessert."
Cela a payé quand il fallu réaliser un splendide 5/5 lors de la 5e série pour éliminer le champion olympique en titre Leuris Pupo , puis un autre sans-faute dans la foulée pour sortir le N.1 mondial Zhang Fusheng.
L'apogée du suspense a sans doute été atteint lors du barrage haletant pour la médaille d'argent face à Li Yuehong, remporté aux nerfs par Quiquampoix.
Cependant, handicapé par son retard initial, il n'a pu rattraper Reitz, le recordman du monde de la discipline, auteur d'une finale quasi-impeccable pour offrir à l'Allemagne sa cinquième médaille d'or dans la discipline.
Cette infime différence avec son rival allemand donnera sans doute à Quiquampoix l'envie de poursuivre l'effort sur l'olympiade qui se profile.
"Il y a encore de la marge puisqu'il y a l'or dans quatre ans", plaisante ainsi son entraîneur Hervé Carratu.