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Quel retournement de situation ! Accablée par les chutes, les blessures, les maladies, l'équipe de France de saut d'obstacles a remporté mercredi à Rio une médaille d'or olympique pleine d'émotions, pour un premier titre des cavaliers tricolores dans la discipline depuis 40 ans.
"Après les dix jours que l'on vient de vivre, on ne pensait pas se retrouver là", confie le sélectionneur Philippe Guerdat, caché derrière ses lunettes de soleil, la voix tremblante.
L'histoire brésilienne des "Vestes bleues" avaient en effet vraiment mal commencé. Il y a d'abord eu l'abandon de Simon Delestre, le N.2 mondial, dont le cheval s'est blessé dans un boxe de Deodoro.
"J'ai une pensée émue pour Simon", explique Guerdat, maintenant en pleurs. "Je l'ai eu au téléphone. Pour lui c'est dur, c'était notre N.1. Les honneurs ce sera pour les quatre autres."
Mais la descente aux enfers ne s'est pas arrêtée au forfait de Delestre. Il y a eu ensuite la colique de Fleur de Mariposa, la jument de Pénélope Leprévost et puis, enfin, la chute de la N.4 mondiale dès le premier jour des qualifications. Un cauchemar.
"Je pensais que j'avais vieilli de 20 ans", sourit Guerdat. "Mais là, je les ai récupérés. Il y a eu trop de choses, on pourrait écrire un livre sur ce qu'il s'est passé. J'ai passé une nuit aux écuries avec deux de mes cavaliers, couchés sur des matelas par terre. Moi j'étais debout à tourner en rond, à se demander s'il fallait rentrer à la maison. Ce sont des états d'âme que l'on ne peut pas décrire."
-'Maintenant j'ai la mienne!'-
Il a fallu pourtant se remobiliser et espérer une éclaircie. Elle est peut-être venue de la personnalité, de l'enthousiasme et de l'expérience du remplaçant de Simon Delestre, Philippe Rozier .
Après un bon premier tour mardi (1 point), grâce notamment à une Pénélope Leprévost parfaite, les Français ne pointaient qu'à la 5e position, l'Allemagne, le Brésil, les Etats-Unis et les Pays-Bas ayant réussi un sans faute.
Mercredi, Rozier, dont le père avait été sacré aux Jeux de Montréal en 1976, a réalisé un parcours fantastique en tant qu'ouvreur. Kevin Staut, en deuxième cavalier, a été ensuite l'un des seuls à réussir un sans faute sans pénalité de temps, alors que le long parcours de Deodoro avait fait craquer Brésiliens et Allemands. Les Américains étaient alors sous pression et ils craquaient! Lucy Davis faisait tomber une barre.
Entrait alors Roger-Yves Bost . Le cavalier prenait son temps (1 pt de pénalité) mais réalisait un sans faute impérial et se mettait dans la gibecière la deuxième médaille d'or de l'équitation française des Jeux après celle du concours complet. Même plus la peine pour Leprévost d'entrer en scène, le titre est déjà assuré.
Rozier pouvait exulter: "La médaille est dans le salon chez mon père, maintenant j'ai la mienne ! C'est un vieux rêve d'enfant. C'est arrivé! Mon père m'a dit que c'était le plus beau cadeau que l'on pouvait lui faire... quarante ans après."
"On y a cru jusqu'au bout", jubile Bost. "Les chevaux c'est jamais fini. On ne pensait jamais avoir l'or. A priori, il y en avait quatre, cinq meilleurs que nous, on n'était pas favori. C'est ça la France!"
Avec ce succès, les cavaliers bleus mettent ainsi derrière eux le fiasco de Londres (aucune médaille), particulièrement en saut d'obstacles, où les Français ne s'étaient même pas qualifiés pour la finale du concours par équipes.
"C'est une apothéose dans une carrière, on va se rappeler d'eux!", lançait Guerdat, avant d'enfiler à nouveau sa veste de sélectionneur: "On va fêter ça ce soir et puis on va se reconcentrer sur l'individuel (Bost, Rozier et Staut sont qualifiés pour la finale, NDLR), pour que chacun ait une chance de médaille. Mais ce soir, on va quand même un peu se lâcher."
Histoire de se reposer un peu nerveusement après dix jours dans les tréfonds.