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© AFP/John MACDOUGALL
Le cavalier tricolore Roger-Yves Bost
, lors des Jeux de Rio, le 19 août 2016
Deux titres, trois médailles: les cavaliers bleus ne sont pas montés sur le podium du concours individuel de saut d'obstacles remporté par le Britannique Nick Skelton , vendredi à Rio, mais l'équitation française a définitivement tourné la page du fiasco londonien.
Il n'y avait de toute façon rien à faire contre l'expérimenté Skelton, médaillé d'or par équipes aux Jeux de 2012. Après avoir passé deux ans à soigner son étalon Big Star, le cavalier des Midlands a été impérial jusqu'aux barrages à six concurrents.
L'Anglais de 58 ans a devancé le Suédois Peder Fredricson au temps. Le Canadien Eric Lamaze , médaillé d'or à Pékin en 2008, a pris le bronze.
Si Skelton avait déjà triomphé à Londres, les Bleus y avaient refusé l'obstacle. Encore plus pour l'équipe de "jumping", puisque les cavaliers français ne s'étaient même pas qualifiés pour le second tour.
Les "Vestes bleues" avaient un peu remis la France du cheval au trot avant les Jeux en se qualifiant dans les trois disciplines des sports équestres pour la première fois depuis 1996.
A Rio, ils l'ont carrément remise au galop, l'équipe du concours complet ayant mené la charge en décrochant la première médaille d'or de la délégation française aux Jeux cariocas.
Astier Nicolas, Karim Laghouag, Thibaut Vallette et Mathieu Lemoine avaient décidé de travailler le dressage, longtemps point faible des Français. Bien leur en a pris, d'autant que le Toulousain Nicolas et son selle français Piaf de B'Neville se sont aussi adjugé l'argent.
- 'Le rêve que l'on ne pouvait pas atteindre' -
L'équipe du saut d'obstacles en a profité pour sortir du bois avec son titre, après des premiers jours calamiteux sur le sol brésilien. Alors que la sélection française semblait l'une des plus armées pour aller chercher une médaille, les tuiles se sont accumulées... jusqu'à "se demander s'il fallait rentrer à la maison", selon les termes du sélectionneur Philippe Guerdat.
Blessure de Ryan des Hayettes et abandon du N.2 mondial Simon Delestre, coliques pour la jument de Pénélope Leprévost, Flora de Mariposa, puis élimination de la N.3 mondiale sur une chute lors du premier parcours des qualifications du concours individuel. Un cauchemar.
Mais Bost, Staut, Rozier et même Leprévost, auteure d'un magnifique sans faute pour envoyer les Bleus en finale, ont su se remobiliser sur des chevaux en pleine forme, qui profitaient à pleins poumons des grands espaces de Deodoro.
"On a une équipe incroyable cette année", s'enthousiasme Bost, après sa sortie de piste vendredi. "Champion olympique, c'était le rêve que l'on ne pouvait pas atteindre et on l'a réussi. L'individuel, c'était un bonus."
"On avait dit qu'on en voulait deux, on a eu trois avec l'argent d'Astier. On ne peut rien rêver de plus. J'espère juste que la prochaine ne sera pas dans quarante ans!", plaisante le Francilien.
"On ne peut pas espérer mieux que deux médailles d'or par équipes", confirme la directrice technique nationale Sophie Dubourg. "Je crois que maintenant que l'on a montré ça ici, il faut arrêter de faire référence à Londres. Les aléas n'ont pas retiré la forte cohésion. La cohésion a porté l'équipe dans les moments durs jusqu'à la performance."
En prime, l'équitation française s'est même offert une belle histoire, sorte de "happy ending" d'une comédie pas très romantique, avec l'avènement d'une génération quarante ans après le dernier sacre olympique en 1976. A Montréal, Marcel Rozier avait décroché l'or par équipes, à Rio, c'est son fils Philippe qui a eu la sienne, après avoir convoité la breloque paternelle pendant toute son enfance.
Après avoir commencé comme une série Z, l'histoire des Quatre Fantastiques du saut d'obstacles s'est finalement écrite à l'hollywoodienne.