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A 16 jours des Jeux de Rio, le sort des sportifs russes est entre les mains de trois instances, le Comité international olympique (CIO), le tribunal arbitral du sport (TAS) et les Fédérations internationales (FI), en attendant d'éventuels recours juridiques.
. Pourquoi le CIO n'a-t-il pas directement exclu la Russie ?
Le CIO a le pouvoir d'exclure tout comité national contrevenant à sa charte. Il en avait usé pour bannir l'Afrique du sud de l'apartheid des Jeux de Montréal en 1976.
Ce pouvoir est toutefois contrebalancé par la nécessité d'établir une procédure contradictoire, qui a été lancée dès la réception du rapport McLaren, attestant d'un dopage d'Etat en Russie.
"On ne peut pas reprocher au CIO de respecter les droits de la défense", estime-t-on à l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
Au terme d'une instruction express, en raison de la proximité de la cérémonie d'ouverture, le CIO pourra donc toujours théoriquement prononcer l'exclusion du Comité olympique russe (ROC), qui compte dans son bureau exécutif des dirigeants déjà suspendus à titre individuel.
. Pourquoi la décision du TAS jeudi est-elle cruciale ?
La fédération internationale d'athlétisme (IAAF) avait exclu la fédération russe en novembre, à la suite d'un premier rapport commandité par l'Agence mondiale antidopage (AMA). Mais elle avait laissé une porte ouverte aux athlètes russes pouvant prouver qu'ils étaient propres car entraînés et contrôlés hors de Russie. Le 10 juillet, elle a uniquement repêché Darya Klishina, sauteuse en longueur installée en Floride.
Le TAS, dont Richard McLaren, auteur du rapport dévastateur commandé par l'AMA, est l'un des piliers, doit dire jeudi si les 67 athlètes russes non repêchés par l'IAAF ont vu leurs droits bafoués par la sanction collective prise à l'encontre de la Russie.
Si le TAS, comme le demande le Comité olympique russe, remet en question le bien fondé juridique de la sanction collective de l'IAAF et prononce par exemple l'éligilité de tout athlète russe non concerné par une sanction pour dopage, alors le CIO et les autres fédérations internationales seront dissuadés de prendre des sanctions collectives à l'égard de la délégation russe.
"C'est la position des experts juridiques: faire du cas par cas et être prudent", explique Jean-Christophe Rolland , le président français de la fédération internationale d'aviron (FISA): "Il serait frustrant d'entamer une démarche forte mais qui serait cassée parce que l'on n'a pas respecté le droit individuel des sportifs."
. Quel rôle pour les fédérations internationales?
Le CIO, mardi, a demandé aux vingt fédérations olympiques d'été citées dans le rapport Mc Laren de commencer à travailler. "Ils nous demandent de statuer sur l'éligibilité de chaque athlète", précise ainsi Jean-Christophe Rolland .
Concrètement, la fédération internationale d'aviron a donc demandé à l'AMA le maximum de détails sur les onze rameurs russes évoqués dans le rapport Mc Laren, mais non identifiés, afin de contrôler si certains se trouvent dans les cinq bateaux russes engagés pour l'instant à Rio.
Chaque Fédération internationale a le pouvoir d'exclure une fédération nationale en vertu de son propre règlement. C'est ainsi que l'IAAF a pu suspendre la Russie, ou que l'IWF, la fédération internationale d'haltérophilie, a sanctionné la Bulgarie.
Mais on imagine difficilement les fédérations où les Russes sont dominateurs prendre une telle décision comme la fédération internationale d'escrime (FIE) présidée par un Russe.
. Peut-on aboutir avant le 5 août et la cérémonie d'ouverture?
Beaucoup dépendra de la capacité de l'AMA, qui a diligenté le rapport McLaren, à fournir rapidement aux fédérations internationales et au CIO des éléments précis utilisables comme preuves, à charge ou non.
"Est-ce gérable dans le temps qui nous reste ?" s'interroge le président de la FISA. "Je ne suis pas certain que l'on puisse terminer une procédure juridiquement tenable dans ce délai." Il n'est même pas exclu, à ce stade, que des athlètes russes soient déclarés inéligibles... après les jeux de Rio, explique-t-il.