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Obnubilée par ses performances à XV, la France a tardé à mettre en place un programme de VII performant et n'a pas réussi à rattraper son retard pour prétendre à une médaille olympique à Rio.
Recalés à la porte des demies, les équipes masculine et féminine de rugby à VII peuvent nourrir des regrets de circonstances, mais apparaissent finalement à leur place dans la hiérarchie mondiale: onzième cette saison pour les hommes, cinquième pour les femmes. Ni les unes ni les autres n'ont remporté de tournois majeurs ces dix dernières années.
Les espoirs de podiums étaient donc davantage fondés sur un hypothétique "coup", enrobé d'une dose de chance, de scenarii favorables et du contexte particulier des JO. Comme souvent ces dernières années pour les Bleus, à XV comme à VII, il fallait donc s'en remettre à une part d'irrationnel pour combler les lacunes structurelles.
Car le rugby français peine à s'imprégner de la culture du VII, une forme du jeu longtemps dédaignée.
"Tous nos dirigeants, tous les grands joueurs jusqu'à ce jour, on vécu le rugby par le XV", explique à l'AFP Jean-Louis Boujon, le vice-président de la Fédération française de rugby (FFR) en charge du rugby à VII.
"Ils ont donné la notoriété historique à la Fédération française de rugbv. Aujourd'hui ils prennent des responsabilités avec cet esprit du XV. C'est un problème de génération", plaide-t-il.
Contrairement aux nations de l'hémisphère sud, ou encore la Grande-Bretagne qui a vu naître le VII en Ecosse à la fin du XIXe siècle, la France a développe tard cette pratique, attendant octobre 2009 et l'inscription de la discipline au programme olympique pour se réveiller.
Et la mise en route s'est faite au diesel. L'actuel capitaine Terry Bouhraoua, pionnier de l'aventure, n'était accompagné que de trois autres partenaires sous contrat fédéral à plein temps en septembre 2010.
- Potentiel inexploité -
Chez les filles, il a fallu le coup de poker de Fanny Horta et Rose Thomas, venues s'exercer avec les hommes en novembre 2013, pour enclencher la machine. Les troupes entraînées par David Courteix n'ont obtenu leur intégration au Circuit mondial qu'à l'été 2014 et ont donc à peine deux ans de vécu au haut niveau.
Dans ces conditions, la construction du programme olympique s'est faite à marche forcée et en délaissant forcément certains aspects.
"Sur les 5-6 meilleures équipes du monde, je maintiens qu'on est celle qui a la marge de progression la plus grande", positive ainsi Courteix.
A l'approche des JO, les septistes ont cependant hérité de condition de travail favorables: 14 joueurs employés à plein temps d'un côté, 19 joueuses semi-professionnelles qui consacrent 75% du temps à leur sport de l'autre.
Le VII aspire près de 5 millions d'euros du budget fédéral et cet effort sera maintenu après les JO alors que deux tournois majeurs (Paris chez les hommes, Clermont-Ferrand chez les filles) sont désormais les vitrines de la discipline dans l'Hexagone.
Mais le principal défi reste encore de démocratiser la pratique au niveau des 1885 clubs du pays, en faisant évoluer les mentalités pour orienter aussi une partie des meilleurs français vers le VII. Peut-être l'exposition offerte par les JO sera en ce sens bénéfique.
"J'espère que malgré tout, les gens ont pris du plaisir à nous regarder, continueront à croire en nous", exhorte ainsi l'entraîneur des hommes Frédéric Pomarel. "Et que chacun dans son coin, dirigeant ou entraîneur, joueur, spectateur, amoureux du rugby, impliqué ou non, fera ce qu'il peut à son niveau pour que la pyramide s'élargisse et que l'équipe de France devienne plus forte."