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Le petit archipel des Fidji a une chance unique d'entrer au palmarès olympique, grâce à son équipe de rugby à VII qui fera son entrée en lice mardi gonflée à bloc par ses succès glanés grâce à une recette artisanale.
Quinze heures de décalage horaire entre le stade Deodoro de Rio et l'archipel du Pacifique n'entameront sûrement pas la détermination de ses 900.000 habitants à suivre les exploits des septistes, véritables héros locaux.
Car 60 ans après avoir envoyé cinq athlètes à Melbourne, pour la première participation du pays à la quinzaine olympique, les Fidji attendent une première médaille. Qui devrait logiquement échoir aux virtuoses du ballon ovale, doubles champions du monde en titre sous la houlette de l'entraîneur anglais Ben Ryan.
"C'est vraiment l'heure des Fidji", promet l'affable technicien, dans un entretien à l'AFP.
Ryan, âgé de 44 ans, a dirigé pendant sept ans l'Angleterre dans un confort extrême avant de rejoindre, en 2013, les magiciens fidjiens aux méthodes plus rudimentaires.
Il faut dire qu'à l'époque, l'équipe n'avait pas de sponsor, pas d'infrastructures et les subventions de World Rugby, la Fédération internationale, étaient suspendues. Dans ce climat, les meilleurs joueurs avaient choisi de lucratifs contrats à l'étranger.
Trois ans plus tard, Ryan a remodelé en partie ce paysage pour faire de ses troupes des favoris en puissance du tournoi olympique. En déclenchant un énorme soutien populaire autour de ces joueurs qui exercent aussi comme gardiens de prison, policiers, ou officiers dans l'armée.
"J'ai toujours pensé qu'aller aux JO avec des garçons du cru qui viennent des villages, pourrait nous donner un avantage par rapport à ces équipes qui vont recruter des joueurs à droite, à gauche", souligne Ryan.
"Peut-être qu'on sera un peu plus soudés, un peu plus affamés que les autres", ajoute-t-il.
- Sans alcool ni téléphone -
Ryan a su parfaitement composer avec les moyens du bord pour professionnaliser l'environnement d'une équipe naturellement douée, à la sauce fidjienne. C'est-à-dire en faisant courir ses hommes dans les dunes ou en les faisant nager dans les lagons formés par les récifs de coraux.
"On a tout à portée de main", martèle Ryan.
"Peut-être que l'on est désavantagé, car on manque d'argent, on n'a pas un encadrement très étoffé, mais on peut transformer ça en atout", poursuit-il.
"Car on a de très bons joueurs et des ressources qui sont simples mais efficaces. Tout mon programme est fondé sur l'idée de simplicité et de travail acharné", explique encore l'entraîneur.
Le technicien doit aussi redoubler de vigilance auprès de joueurs prompts à se disperser. Il confisque volontiers les téléphones et distribue les alcootests pour s'assurer que la politique de zéro-alcool est bien respectée.
"On est un peu vieille école, concède-t-il. Mais les joueurs adhèrent, car ils savent aussi que ça va les aider à s'améliorer."
Cette philosophie s'étend aux jeux Olympiques où Ryan craint les charmes du wifi, de la malbouffe et la présence hypnotisante des plus grands noms du sport.
Par conséquent, les septistes ne sont arrivés que mercredi au Village olympique, en provenance d'un stage au Chili, quelques jours seulement avant leurs premiers pas. De quoi mettre toutes les chances du côté des "Flying Fijians", en route pour la gloire.