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Incarnation de l'équipe de France de rugby à VII, dont il porte le projet et les valeurs depuis six ans, le capitaine Terry Bouhraoua touchera enfin du doigt son rêve olympique mardi à Rio, récompense ultime d'un parcours atypique mais obstiné.
Chez les Bouhraoua, on cultive sa différence ovale. A l'image du grand frère Boris, fraîchement revenu d'une pige initiatique de deux ans en Nouvelle-Zélande, ou du petit frère Lou, qui a joué avec son aîné le premier match de l'histoire de la sélection algérienne fin décembre.
Au milieu, Terry, âgé de 28 ans, et sa silhouette d'Asterix (1,69 m, 65 kg) au pays des golgoths, ce qui ne l'empêche pas de briller sur le Circuit mondial de rugby à VII avec 915 points inscrits, dont 97 essais en 174 matches.
"C'est un garçon qui est représentatif de l'équipe de France, souligne l'entraîneur Frédéric Pomarel. Un petit gabarit, mais plein de volonté, de ressources, de panache. J'espère que ce sera l'image que l'on montrera à Rio."
Têtu, Bouhraoua n'a jamais cessé de croire en sa bonne étoile, y compris quand son avenir au Stade Français, où il a été en grande partie formé, s'est obscurci.
"Mes frères et moi, on a eu la chance que nos parents ne nous aient jamais empêchés de rêver", explique le natif de Bonneval (Eure-et-Loir), où son père chaussait les crampons le dimanche.
Crânement, le demi de mêlée pose ses valises une année à Béziers qui cherche à remonter en Pro D2, alors que dans le même temps, le rugby à VII obtient son passeport olympique le 9 octobre 2009.
"J'avais ça dans un coin de ma tête, confie-t-il. Du coup, quand Fred Pomarel m'a appelé, je n'ai pas réfléchi deux secondes. C'était un grand pari, mais je suis quelqu'un de joueur."
- 'Saltimbanque' -
"Quand je signe en 2010, c'est pour faire les Jeux", insiste-t-il, en se remémorant les premiers entraînements à Marcoussis (Essonne), avec seulement quatre autres compères sous contrat avec la Fédération.
Ce pionnier de la discipline est avec le temps devenu une figure emblématique du Circuit mondial où ses "qualités de vitesse, d'anticipation, de lecture, d'engagement" font merveille, dixit son ancien entraîneur à Paris, Fabien Galthié.
"Il est capable de faire sauter les verrous de n'importe quel match, ajoute Frédéric Pomarel. Il est quasiment irréprochable tant en défense qu'en attaque. Et puis, il a cette aura auprès de ses camarades..."
Lui loue volontiers la vie nomade du septiste, trimballé d'un bout à l'autre du monde au gré des tournois: "On est les artistes du rugby, on en a la vie. J'aime ce côté saltimbanque."
"La culture est importante chez nous, développe-t-il. On vient d'un milieu modeste, on est petit-fils d'immigrés algériens. L'ouverture d'esprit, ça sonne comme une évidence".
Pas question, donc, d'envisager le Brésil comme un terminus en soi, alors que l'équipe de France croit à un braquage pour rafler une médaille au nez et à la barbe d'un cador. "Ce n'est pas un travail abouti, je suis bien plus gourmand que ça", glisse-t-il.