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Né d'un mythe - le soldat et messager de Marathon Philippidès - il y a 26 siècles, l'épreuve la plus emblématique des Jeux, dont les Kényans et les Ethiopiens sont les grands favoris dimanche à Rio, est aussi une économie à part entière.
Vainqueur pour la deuxième fois en avril dernier du marathon de Londres, avec le deuxième chrono de tous les temps (2h03:05), Eliud Kipchoge est le plus indiqué pour rapporter au Kenya un deuxième titre olympique masculin sur les 42,195 km, après celui du regretté Samuel Wanjiru en 2008 à Pékin.
Et si le pays a attendu si longtemps pour ouvrir son palmarès, c'est que les grands marathons (Boston, New York, Londres, Tokyo, Berlin, Paris, Dubaï) et leurs gains substantiels avaient la priorité des athlètes et de leurs managers.
Le phénomène du +running+, mondial et intergénérationnel, est exponentiel depuis deux décennies.
Des marchés juteux s'offrant aux équipementiers et à l'industrie alimentaire, les sponsors ne manquent pas. Les organisateurs, qui profitent de l'engouement populaire avec notamment quelque 50.000 +finishers+ à New York, emplissent donc les caisses et peuvent en retour proposer des allocations alléchantes.
En 2014 à Berlin, le Kényan Dennis Kimetto a empoché 160.000 euros, dont 120.000 pour le record du monde. Avec son parcours bien plat, la ville allemande est devenue le lieu où il faut venir pour battre le record.
- Dubaï en pointe -
Et si les prix aux vainqueurs n'ont pas beaucoup évolué ces dernières années, les marathons bien dotés se sont multipliés, en particulier en Chine - l'Empire du Milieu en accueille une trentaine à plus de 50.000 dollars -, en Inde et bien sûr dans les pays du Golfe.
Le must de Dubaï offre ainsi 250.000 dollars (quelque 220.000 euros) au vainqueur. Aux primes fixes, il faut ajouter les différents bonus en cash ou en nature (voitures), notamment quand le record de l'épreuve est battu.
Dubaï promet même un million de dollars (environ 880.000 euros) en cas de marque planétaire. Pas fous, les organisateurs: même en janvier, les températures ne sont pas idéales pour les marathoniens dans l'émirat.
Mais au début de cette année, Tesfaye Abera et Lemi Berhanu, premier et deuxième de la patrouille éthiopienne, y ont gagné leur sélection pour les Jeux. Ils seront les plus sérieux adversaires des Kényans.
C'est logique. Dans la liste des 45 meilleurs performeurs de l'histoire, on ne trouve que des représentants du Kenya et de l'Ethiopie, pays où la course à pied constitue le principal ascenseur social.
- Ecuries -
Quelques grandes écuries, gérées par des managers avertis, se sont greffées sur cette économie et tiennent le haut du macadam, avec une construction pyramidale et une logique marchande.
"Au Kenya, elles se sont substituées en partie aux écoles et aux instituteurs, principaux agents de la détection, en proposant des camps", explique Gilles Bertrand, photographe et journaliste, réputé connaisseur du milieu.
Cette course à la performance et au rendement a fatalement débouché sur des problématiques de dopage. Récemment, l'agent d'athlètes Federico Rosa a été accusé d'avoir dopé ses athlètes et placé en détention provisoire.
Dans l?attente de compléments d?enquête de la police du Kenya, et contre caution, il a pu venir conseiller ses athlètes à Rio.