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Renaud Lavillenie , médaillé d'argent à la perche aux JO de Rio, a regretté l'attitude du public brésilien qui l'a sifflé lui et d'autres adversaires pendant la compétition: "Le public a gâché l'expérience de beaucoup de perchistes", a-t-il estimé, lundi.
Q: Quel est le sentiment qui prédomine avec cette médaille d'argent?
R: "Le sentiment qui prédomine, c'est la satisfaction d'avoir fait le concours qu'il fallait, et surtout d'avoir tout donné. Repartir de Rio avec une médaille d'argent, c'est quand même pas mal. J'aurais pu ne rien avoir, c'est une deuxième médaille olympique, c'est quelque chose qu'il ne faut pas dénigrer. Après je ne pourrai jamais partir de Rio avec le sourire quand tu te fais huer pour faire ton sport."
Q: Comment comprenez-vous l'attitude du public brésilien?
R: "Il y a une vraie frustration et déception de voir qu'au JO il n'y a aucune valeur de respect et de fair-play. C'est vraiment dommage. S'il n'y avait pas eu ça, la compétition aurait été incroyable, car elle laissait des souvenirs impérissables. On ne voit pas souvent deux gars se battre pour franchir les 6 mètres. J'ai été heureux de pouvoir prendre part à cette compétition."
Q: Ce comportement vous a-t-il fait sortir de la compétition?
R: "Quand je fais ce signe au public (pouce tourné vers le bas), ce n'est pas la première fois qu'ils me sifflaient. Je ne conçois pas de siffler des athlètes. Autant qu'ils restent chez eux derrière leur télé, ils laisseront la place à des gens qui ont envie de voir du sport. Ca perturbe énormément, on sent la méchanceté du public contre soi. Je fais un sport où on ne voit jamais ça. On n'est pas au foot, ce n'est pas la vraie vie là. Je comprends totalement que les Brésiliens soient pour Thiago Braz, mais le manque de respect n'est pas normal. J'ai pris ça comme une insulte. Je ne pense pas que ça aurait été la même chose en France. Il n'y a qu'à voir à Londres aussi, où tous les endroits où l'athlète local joue quelque chose, le public n'a jamais, jamais sifflé son adversaire. C'est incroyable. Les jeux Olympiques sont une compétition qui se prépare depuis longtemps et au final le public a gâché l'expérience olympique de beaucoup de perchistes. Le public n'a pas été aussi bon que Thiago Braz."
Q: Comment analysez-vous votre concours?
R: "L'attente a été compliquée à gérer. La pluie qui vient se mêler à la compétition en plus. Le jury a compris qu'on ne pouvait pas sauter dans ces conditions. Après on a eu une heure d'attente, puis de nouveau un problèmes de poteaux. Le concours en soi ne se passe pas trop mal. Je suis content en passant tout au premier essai. Et en étant en tête de liste, ça met la pression sur les autres. Après, en passant 5,98 m, je sais que j'ai une médaille qui est assurée. Je pensais bien avoir l'or, mais les deux sauts à 6,03 m manquent de rien du tout. Il y a un peu de frustration par rapport à ce manque de réussite à ce moment, mais ça fait partie du sport. Il n'y a rien à dire sur Thiago, il a fait un saut extraordinaire à 6,03 m. Le côté sportif est magnifique".
Q: Avez-vous cru avoir gagné en passant 5,98 m?
R: "Je savais que j'avais pris une bonne option tant que ce n'est pas fini, il y a toujours quelques chose qui peut se passer, je suis passé par là en 2012. Je savais qu'il était capable de sauter très haut. J'ai commencé à piocher car les sauts se sont enchaînés, ça manquait de récupération".
Q: Que pensez-vous de Thiago Braz?
R: "Je savais qu'il était capable de franchir les 6 m. Quand je l'ai vu, je m'en suis voulu à moi-même car je crois que j'ai raté le coche à mon premier essai à 6,03 m. Il a fait la compétition le jour où il fallait pour lui".
Propos recueillis en zone mixte.