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Qu'elle a tardé à venir, cette médaille! Clarisse Agbegnenou a enfin ouvert le compteur d'une équipe de France de judo jusque-là bredouille en décrochant mardi aux jeux Olympiques de Rio l'argent des -63 kg, un métal qui ne satisfait cependant pas la guerrière.
Ce n'est pas de l'or, certes, mais ce premier podium d'un judoka tricolore à l'Arena Carioca 2 a un goût de délivrance pour les Bleus tenus en échec depuis trois jours à l'image de Loïc Pietri, tombé dès son premier combat mardi matin chez les -81 kg.
Avec Agbegnenou, la France a enfin goûté aux joies du protocole au dojo olympique de Rio. Sur le podium, la championne du monde 2014 a accompagné la nouvelle championne olympique, la Slovène Tina Trstenjak, tandis que chez les messieurs, le Russe Khasan Khalmurzaev récoltait l'or des -81 kg en battant par ippon l'Américain Travis Stevens.
"Ce n'est pas la bonne médaille pour moi, mais c'est ma première", a souligné Clarisse Agbegnenou après sa défaite en finale. "Une médaille d'argent aux jeux Olympiques, c'est vraiment beau."
Vu son solide caractère, la jeune femme (23 ans) aura sans doute des regrets: profitant d'une offensive un peu hasardeuse de son adversaire, Trstenjak l'a immobilisée au sol pour s'imposer après seulement 1 min 45 sec de combat. Rageant, surtout que la Slovène avait déjà triomphé de la Française en finale des Mondiaux 2015.
"Je n'ai pas été assez patiente, a expliqué Agbegnenou. J'aurais dû laisser un peu le temps couler, la fatigue arriver. J'ai vu une brèche, je pensais que ça allait passer... mais non."
Physique puissant, mental d'acier, capacité de travail hallucinante et pas de place pour le doute: Clarisse Agbegnenou est une battante, qui a grandi entourée de trois frères et admire le personnage de série télévisée "Xena la guerrière" ("Parce qu'elle est très jolie et que c'est une guerrière").
Mardi, celle qu'on surnomme "Gnougnou" est passée tout près de devenir la reine de sa catégorie, succédant à Lucie Décosse (2008) au palmarès des Françaises vice-championnes olympiques des -63 kg. Et à son jeune âge, le phénomène Agbegnenou pourrait bien viser un nouveau podium dans quatre ans à Tokyo.
- 'Lancer la dynamique' -
Cette médaille d'argent, bien que décevante pour la Française, pourrait cependant libérer les judokas tricolores qui ont connu des débuts compliqués dans ces Jeux.
"J'espère que ça va lancer la dynamique, j'espère que les filles sont prêtes. Je vais les +rebooster+", a commenté la nouvelle médaillée.
Jusqu'à elle, aucun des sept autres judokas engagés depuis samedi n'avait réussi à atteindre les demi-finales de sa catégorie. Et plusieurs chances de médailles, comme Pietri mardi, se sont envolées précocement.
Le champion du monde 2013 (25 ans) s'est laissé prendre au piège de son adversaire du 1er tour: il s'est incliné face au Canadien Antoine Valois-Fortier , se disant un peu émoussé physiquement en raison d'une préparation écourtée par une blessure.
Le scénario est rude pour le Français, qui disputait sa dernière compétition en -81 kg avant de passer chez les -90 kg. Avec sa fiabilité dans les grands championnats, Pietri pouvait légitimement ambitionner une médaille dans ces JO.
"Je le vis un peu mal, a commenté le Niçois, des sanglots dans la voix. J'ai eu une belle régularité. En étant bien entraîné je savais que je pouvais le faire. C'est dur à avaler."