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Rien n'est jamais trop grand, trop haut, trop fort pour Teddy Riner , ogre dévoreur de titres dont celui de premier judoka à huit titres mondiaux, qui emmènera la délégation tricolore lors de jeux Olympiques de Rio.
Désigné porte-drapeau dimanche, le Guadeloupéen de 26 ans, en quête au Brésil d'un second sacre chez les lourds qui en ferait définitivement le plus grand judoka de l'histoire, aborde le rendez-vous avec une pointe d'inquiétude mêlée d'une décontraction innée.
"J'ai peur de ne plus être le meilleur, peur de me dire que demain ce sera fini. Je ne veux pas que ça se finisse, je veux être le meilleur. Et pour encore longtemps", répète-t-il comme un mantra.
Exceptionnel, le colosse de 2,03 m pour 141 kg l'a toujours été. Par son gabarit, mais aussi sa détermination à toute épreuve.
Son entraîneur en équipe de France, qui le suit depuis 11 ans, se souvient de sa première rencontre avec le phénomène: "J'étais allé le voir aux Championnats de France cadets en 2004. Il avait 15 ans. Ce qui nous avait frappés c'était le gabarit, bien sûr. Mais il était maigre: il devait faire 100 kg pour 1,98 m", raconte à l'AFP Franck Chambily.
"C'était un gamin un peu comme aujourd'hui, un peu turbulent. Mais déterminé. Il avait déjà cette envie d'en faire plus que les autres et cette capacité à ne pas avoir de limite", ajoute l'entraîneur, alors adjoint de Benoît Campargue, en charge des juniors.
- 'Comme si on lui coupait un bras' -
Impressionnés, les techniciens rencontrent fissa les parents du jeune athlète, alors en pôle à Rouen. "Il est entré à l'Insep mais c'était une exception parce qu'il était cadet", souligne Chambily.
Riner, ultra doué et à la progression fulgurante, combine les deux catégories, cadets et juniors. Il fait sensation en 2005 en devenant champion de France cadets et juniors. Puis, il cumule juniors et seniors.
En avril 2007, il remporte son premier grand titre senior aux Euros au lendemain de ses 18 ans.
En août suivant, c'est la consécration avec un premier titre mondial. Il devient le plus jeune champion du monde de l'histoire, quatre ans avant d'être le premier judoka homme à coiffer cinq couronnes mondiales, en 2011.
"Je suis à fond dans les records, lance-t-il joyeusement. J'ai envie de marquer l'histoire de mon sport."
Et pour cela, il s'entraîne à fond. Car il déteste la défaite: "Pour lui, c'est un calvaire, c'est comme si on lui coupait un bras", confie Chambily.
- Statue en cire, contrats en or -
Champion olympique en 2012, Riner est invaincu depuis plus de 100 combats. Il a été battu pour la dernière fois en septembre 2010, en finale des toutes catégories aux Mondiaux, sur décision des arbitres.
Il a fallu le remobiliser, ce qui n'a pas été une mince affaire, tout comme aux JO-2008 où il avait été battu au troisième tour avant d'accrocher le bronze. Il s'agit là de ses deux seules défaites internationales.
"Là, il faut bien le connaître. Parfois, il ne le fait pas pour lui, mais pour sa famille. Lui n'a plus rien à prouver, il va chercher la motivation ailleurs", souffle le coach.
La famille est une valeur essentielle dans la vie du champion, père depuis le 1er avril 2014 d'un petit Eden.
Superstar au-delà du judo, Riner est extrêmement sollicité par le monde extra-sportif: il a sa statue au musée Grévin et plusieurs contrats de partenariat (équipementier, marque de biscuits, boisson énergisante...)
En juin, une polémique a éclaté autour de sa rémunération au sein du club de Levallois (passée de 193.000 euros bruts en 2010 à 429.000 en 2013, selon la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France).
Parrain de l'Institut des maladies génétiques Imagine, il vient de créer sa propre fondation, comme son grand ami et autre star, le basketteur Tony Parker, qu'il va souvent voir aux Etats-Unis. Elle s'appelle Planète Eden et est destinée à soutenir des enfants en difficulté.