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C'était le feu d'artifice attendu et les épéistes ont trouvé la mèche: Gauthier Grumier, Yannick Borel, Daniel Jérent et Jean-Michel Lucenay ont décroché le titre olympique dimanche à Rio, redorant le blason de l'escrime française aux JO-2016.
Enfin une Marseillaise pour le plus gros pourvoyeur de médailles (118) et de titres (42) de l'olympisme tricolore: la France attendait cela depuis huit ans. Une éternité!
Avec une médaille de chaque couleur - or pour les épéistes, argent pour les fleurettistes et bronze pour Grumier en individuel -, le bilan carioca est nettement meilleur que le zéro pointé de Londres il y a quatre ans, mais légèrement en-dessous des attentes de la Fédération qui tablait sur quatre breloques, dont un titre.
En finale, les Bleus ont écrasé (45-31) leurs éternels rivaux italiens, qui les avaient sortis en quarts de finale, il y a un an, aux Championnats du monde à Moscou. La médaille de bronze est revenue à la Hongrie, vainqueur de l'Ukraine (39-37) en petite finale.
Dans cette bande de potes, en concurrence interne extrêmement forte pour obtenir une place, quand l'un flanche, les autres sont là pour prendre le relais. Dimanche à Rio, c'est le plus talentueux de tous, Grumier, qui n'était pas dans son assiette.
"J'ai l'impression d'être un peu le boulet dans l'équipe", a reconnu le N.1 mondial après la victoire en demies.
Et dimanche, c'est Borel, le "bulldozer" de Pointe-à-Pitre comme aime le surnommer l'entraîneur national Hugues Obry , qui a pris le relais pour terminer les parties. Dans une situation inconfortable avec seulement une touche d'avance contre la Hongrie en demies, il a marché sur son adversaire, comme à son habitude, avec un physique impressionnant (1,96 m, 102 kg).
Cerise sur le gâteau, le remplaçant Jean-Michel Lucenay est rentré en finale, pour palier le trou d'air de Grumier et connaître les joies du podium olympique. En 2008, il avait regardé ses équipiers Ulrich Robeiri , Fabrice et Jérôme Jeannet de loin, déjà remplaçant mais privé de médaille.
- 'Pas facile tous les jours' -
La victoire en finale des hommes d'Obry vient couronner une olympiade de reconstruction, pas toujours facile pour cette arme forte de l'escrime française.
"Je leur parle de ça depuis quatre ans. J'ai parfois l'impression d'être le seul à y croire, et puis on y est arrivé. Ce n'est pas facile tous les jours", a commenté Obry, ému aux larmes, après une difficile qualification pour la finale.
Ce dernier a tout connu en tant qu'escrimeur aux Jeux: deux finales perdues à Sydney en 2000 (individuelle et par équipes) et la consécration collective à Athènes en 2004.
Arrivé à la tête de l'équipe de France d'épée après le fiasco londonien, il a inculqué un esprit de compétition saine au sein d'un groupe de sept à huit épéistes capables de se qualifier pour les Jeux.
"Tout le monde a sa chance et c'est la performance qui parle", explique Daniel Jérent, alors qu'une certaine routine avait pu se mettre en place, du temps des "invincibles", cette équipe d'épée qui n'avait pas perdu un titre majeur entre 2004 et 2011.
Il a également tissé une relation de confiance qui va très loin avec ses tireurs. "L'athlète est prêt à faire n'importe quoi pour son entraîneur", a ainsi précisé à l'AFP Grumier avant de partir pour le Brésil. Les liens entre le Nivernais et Obry sont plus anciens, alors que les deux ont partagé leur chambre en stages.
Et dire qu'une sortie dans les médias en pleins Championnats du monde à Moscou a failli tout ruiner. En lançant une charge contre ses conditions de travail, il a été un court instant (24 heures) sous la menace d'une exclusion.
Des excuses rapides ont permis de ne pas casser un jouet qui fonctionne, et désormais au sommet de l'Olympe.