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"J'ai commencé l'escrime en regardant Laura Flessel à Atlanta." Comme le fleurettiste Enzo Lefort, ils sont quatre Guadeloupéens a avoir été biberonnés par les exploits de la "Guêpe" et représentent désormais la relève et une partie des espoirs de l'équipe de France d'escrime à Rio.
Atlanta, 21 juillet 1996. L'épée dames fait son apparition au programme olympique et la finale en individuel oppose deux Françaises: Laura Flessel et Valérie Barlois. La victoire n'échappe pas à la "Guêpe", elle qui porte l'inscription "Gwada" (contraction du mot Guadeloupe) sous son gant avec un dessin de "son" île, et qui va profondément marquer la Guadeloupe.
"En 1996, j'avais 5 ans, donc je ne m'intéressais pas encore à l'escrime", se souvient pour l'AFP Ysaora Thibus , N.5 mondiale au fleuret et candidate sérieuse au podium à Rio. "Ce qui est certain, c'est que Laura a joué un rôle essentiel dans le développement du sport et de l'escrime", poursuit la native des Abymes, qui à l'époque préférait encore les cours de danse.
Il aura fallu attendre deux décennies pour que les "enfants" de Laura Flessel s'établissent parmi les meilleurs tireurs français et mondiaux. Vingt ans après l'exploit d'Atlanta, ils ont désormais atteint la maturité.
Au Brésil, ils seront quatre Guadeloupéens de cette "génération Flessel": Lefort et Thibus engagés en individuel au fleuret, Jean-Paul Tony-Helissey qui accompagnera Lefort comme remplaçant de l'épreuve par équipes, et Daniel Jérent, 6e au classement mondial et favori pour le podium, tant en individuel que par équipes.
"On est de la même génération avec Jean-Paul et Enzo (...) Le fait d'être ici tous les quatre ensemble, c'est génial", explique à l'AFP Daniel Jérent, qui s'élancera à l'assaut de l'or mardi en individuel.
- De novice à favori -
La réussite de l'escrime en Guadeloupe avait besoin d'un catalyseur, avec Flessel, et de structures. Pour ça, le Pôle Espoirs Antilles/Guyane existait déjà depuis les années 1990. Et les résultats sont impressionnants: sur les deux armes pratiquées (fleuret et épée), il y aura six Ultramarins à Rio.
Si Lefort et Thibus étaient déjà de l'aventure londonienne il y a quatre ans, et du traumatisant zéro médaille, ils y étaient en tant que novice pour emmagasiner de l'expérience et arriver fin prêt à Rio.
Premier à entrer en lice dimanche au fleuret, Lefort est déjà monté sur un podium mondial, en 2014 à Kazan lors de la belle moisson tricolore de sept médailles, parmi lesquelles le titre en fleuret par équipes.
Podium continental et non mondial pour Thibus, aux Europe en 2014 à Zagreb. "Ysa" n'a fait que progresser sur l'olympiade et pourra compter sur une forme ascendante pour aller chercher mercredi son premier podium planétaire, après avoir échoué de peu aux Mondiaux-2015.
La veille, Daniel Jérent aura vécu avec l'aventure carioca sa première participation olympique. Rodé au haut niveau, champion du monde 2014 par équipes, il ira chercher la boîte en individuel et rien d'autre que le titre par équipes.
Comme en 1996, les épreuves d'escrime se déroulent sur un fuseau horaire identique aux Antilles françaises. De quoi susciter de nouvelles vocations Outre-Mer. Et voir émerger une "génération Thibus" dans vingt ans?