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Affecté par la disqualification d'Aurélie Muller la veille, Marc-Antoine Olivier a nagé avec "la rage au ventre" pour s'offrir mardi à Rio sa première médaille olympique, en bronze, au bout du 10 km en eau libre, un mois après sa troisième place européenne.
Il a tout juste 20 ans et n'avait rien fait au plus haut niveau il y a encore un an. Mais dans les eaux de Copacabana, l'élève de Philippe Lucas a fait fort en terminant troisième d'une course relevée, qu'il a gérée au mental.
Ce grand blond au physique étonnement fin (1,88 m pour 74 kg) s'est frayé un chemin parmi les cadors avec de belles pointes de vitesse qui lui ont permis de monter sur le podium (1 h 53 min 02 sec), à côté du champion du jour, le Néerlandais Ferry Weertman (1:52:59.8), départagé à la photo finish avec le Grec Spiros Gianniotis.
La veille de son entrée en lice, Olivier avait été affecté par la disqualification de Muller, la championne du monde et d'Europe en titre, avec laquelle il s'entraîne depuis un an et demi à Narbonne.
"J'avais la rage au ventre pour elle, j'avais envie de performer pour elle, pour lui rendre le sourire", a lancé Olivier, qui partage sa chambre avec Muller, dévastée par sa disqualification pour avoir "coulé" une adversaire alors qu'elle avait touché en deuxième position.
"Je dédie cette victoire à Aurélie. Elle a passé une journée horrible. Ce qui est incroyable, c'est qu'elle a su mettre ses émotions de côté pour me laisser me concentrer sur ma course", a poursuivi le nageur.
- 'Fou-fou' -
Philippe Lucas , leur entraîneur commun, qui dirige également la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, sacrée lundi dans la course dames, a souligné l'attitude "exemplaire" de Muller.
"Ce matin (mardi), Aurélie, qui est marquée à vie, a été exemplaire. Elle s'est levée à 5h 30 pour aller marcher avec Marc-Antoine et elle l'a suivi jusqu'à la chambre d'appel", a raconté Lucas, qui s'est dit "très content pour le gamin".
"Cette médaille, il est allé la chercher avec ses tripes", s'est-il félicité.
Né à Denain (nord), Olivier s'est exilé à Rouen pour se former à cette rude discipline qu'est l'eau libre, qui se déroule en milieu naturel, avec peloton et échappées à la manière d'une course cycliste, et dans laquelle il faut savoir prendre - et parfois rendre - des coups.
Un peu dilettante et "fou-fou" comme il le dit lui-même, ce jeune talent s'est installé avec Lucas pour canaliser son énergie.
Les résultats n'ont pas tardé. L'année dernière, il s'est classé sixième de ses premiers Mondiaux, décrochant ainsi son billet pour les JO-2016. Il y a un mois, a donc suivi le bronze européen.
De quoi aiguiser l'appétit d'Olivier, qui a déjà donné rendez-vous à Tokyo pour les JO-2020.