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Sun en or et Efimova en argent, en attendant Park et Gatlin: la colère gronde et enfle un peu plus chaque jour aux jeux Olympiques de Rio, à mesure que les anciens dopés se couvrent de gloire.
"Ca me donne envie de vomir. Sun Yang, il pisse violet!": Camille Lacourt , cinquième de la finale olympique du 100 m dos, a résumé le malaise en quelques mots choisis après la victoire du Chinois sur le 200 m libre lundi.
De fait, la participation des sportifs suspendus pour dopage par le passé est devenue en quelques jours le sujet qui fâche. Et ce par la faute... du Comité international olympique (CIO), organisateur des Jeux, qui a en quelques sortes donné le bâton pour se faire battre.
A l'origine du débat, ces Russes qui dérangent. Si le CIO a finalement décidé de ne pas exclure collectivement la Russie à Rio, il a assorti son accord d'un critère inattendu: l'exclusion de la sélection de tous les sportifs qui auraient par le passé été pris pour dopage, quand bien même ils auraient purgé leur suspension.
Premier écueil, ce critère est tout sauf légal. Le Tribunal arbitral du Sport de Lausanne (TAS), actuellement délocalisé à Rio, a ainsi retoqué l'idée, accédant aux recours de nombre de sportifs russes concernés.
- Gatlin, suspendu cinq ans -
Parmi eux, Yuliya Efimova , suspendue pendant 16 mois en 2014 pour prise de stéroïde, encore récemment contrôlée positive au controversé Meldonium, et finalement bien présente à Rio.
Deuxième écueil, ce critère est injuste. Car pourquoi l'appliquer aux seuls Russes alors que le dopage est universel?
C'est le cas du Chinois Sun Yang, contrôlé positif en 2014, suspendu trois mois et dont la présence dans le bassin a suscité les critiques de certains de ses adversaires.
Mais le pire est peut-être à venir.
En natation, le Sud-Coréen Park Tae-hwan est toujours dans les bassins, même s'il a raté ses premières coulées.
Quadruple médaillé olympique, contrôlé positif aux stéroïdes en 2014, Park a certes purgé sa peine de 18 mois de suspension. Mais son comité national l'avait interdit en prime de compétition pour trois ans, ce qui l'aurait privé des Jeux de Rio.
Le champion olympique 2008 avait alors fait appel devant le TAS, qui a levé cette interdiction en invoquant une double peine.
Dimanche, c'est l'athlétisme, déjà profondément secoué par le dopage d'Etat en Russie -avec 67 des 68 athlètes russes exclus suite aux révélations du rapport McLaren-, qui pourrait basculer du côté sombre de l'actualité, avec la finale du 100 m où de nombreux participants sont des repris de justesse.
Au premier rang, bien sûr, l'Américain Justin Gatlin , deux fois suspendu durant sa carrière, qui a purgé un total de cinq années à l'écart des tartans, et qui ne doit la poursuite de carrière qu'à la mansuétude de la lutte antidopage dans le passé.
- La parole se libère -
Trop, c'est trop. Et la parole semble se libérer chez les athlètes.
Lacourt, donc, a allumé une autre flamme que celle de l'olympisme. Mais il n'était pas le premier.
Le nageur australien Mack Horton, 20 ans, qui a battu Sun sur 400 m libre samedi, avait lui aussi clairement exprimé sa pensée: "Je n'ai pas de respect pour les dopés", avait-il assené pour expliquer pourqoi il n'avait pas répondu à un salut du Chinois récemment à l'entraînement.
© AFP/GABRIEL BOUYS
La Russe Yulia Efimova médaillée d'argent sur 100 m brasse aux Jeux de Rio, le 8 août 2016
Même le roi Michael Phelps s'est permis un commentaire sur le sujet: "C'est triste que de nos jours il y ait des gens contrôlés positifs, même deux fois pour certains, qui ont quand même l'occasion de nager aux jeux Olympiques. Ca m'énerve." Un propos qui visait clairement Efimova, mais qui pourrait donc s'appliquer aussi à son compatriote Gatlin.
Turbulences donc dans l'univers feutré de l'olympisme.
Au point que le CIO, par l'entremise de son porte-parole Mark Adams, a lui aussi décidé de sortir de sa réserve lundi matin, après les propos de Horton: "Nous encourageons clairement la liberté d'expression, mais en même temps les Jeux c'est le respect des autres et le respect du droit des autres à participer aux compétitions, (...) dans la tranquillité, sans être agressé par les autres. Alors, oui, nous encourageons les sportifs à respecter leurs concurrents".
Mais les temps changent, et ces critiques ne sont peut-être que les premiers échantillons d'une révolte générale.