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La médaille d'argent de Mélina Robert-Michon mardi aux jeux Olympiques de Rio est un hymne à l'athlétisme véritable, entre sacerdoce et engagement passionné que la native de Voiron incarne à merveille.
La Française de 37 ans a voué sa vie de sportive à cet objet circulaire d'un kilo qu'on lançait déjà, chez les hommes, dans les Jeux de la Grèce antique il y a deux millénaires.
L'Iliade fait référence au geste auguste et c'est un clin d'oeil que ce soit Mélina, prénom typiquement grec, qui redonne du lustre à cette discipline en France.
A 37 ans, et plus de treize ans de haut niveau à son compteur, l'Iséroise qui porte le maillot du Lyon Athlétisme, a offert à la France sa première médaille olympique au disque depuis Micheline Ostermeyer et Jacqueline Mazeas, or et bronze aux JO de Londres en 1948.
Un coup de projecteur formidable pour une athlète aux origines paysannes.
Si sa famille élevait des vaches en Isère, elle cultive l'amitié dans cette région où elle se sent si bien.
Le maître mot de Robert-Michon c'est la fidélité, en amitié comme en athlétisme.
Avec cette médaille olympique, c'est aussi son entraîneur de toujours Serge Debié, ainsi que Jérôme Simian, le préparateur physique, qui sont salués.
- Sur le point d'arrêter -
Serge Debié, l'homme au chapeau, au sourire communicatif est à ses côtés depuis 1997. Dans les bons comme dans les mauvais moments, comme par exemple lorsque l'athlétisme ne permet pas à la Française d'en vivre et qu'elle hésite à continuer sa carrière.
"Il y a eu la période entre 2005 et 2008 où j'étais plus dans la contrainte, les années défilent et on ne se pose pas de questions. A l'époque, je travaillais", relatait la Française à l'AFP en 2015. "Le déclic, ça a été 2008, les Jeux de Pékin, où je suis finaliste (8e) pour la 1re fois et où je me rends compte vraiment que je ne suis pas loin du podium. Ça a été une prise de conscience et de confiance de se dire: +Oui, j'en suis capable moi aussi+. J'étais plus dans l'envie."
La vie de la lanceuse et de Serge Debié a néanmoins changé un peu depuis Moscou-2013 avec la médaille d'argent ramenée des Mondiaux. Elle aura permis à Debié d'être rémunéré par son employeur, le Grand Lyon, ce qui lui permet désormais de consacrer 400 heures par an de son temps à l'entraînement de sa championne. Payé pour être entraîneur: quelle drôle d'idée alors que la soixantaine est quasiment là pour Debié! C'est cela l'athlétisme de Robert-Michon.
- Deuxième jeunesse -
La vie de tous les jours, aussi, se charge parfois de transformer des carrières.
Robert-Michon vit ainsi une deuxième jeunesse depuis la naissance de sa fille Elyssa, en 2010.
"Quand j'ai fait ma coupure de grossesse, ça a été volontaire. Quand je suis revenue, c'est moi qui l'ai décidé. C'était mon projet et je me le suis réapproprié. Ça m'a permis de me rendre compte que ça me manquait", se souvient-elle.
Avec un master de staps en management du sport en poche, l'avenir de Robert-Michon semble tracé comme une aire de lancer de disque.
Toujours digne même quand les journalistes oubliaient de s'intéresser à elle, la Française espère aussi que sa médaille va aider sa discipline et, au-delà, les lancers.
"Aux jeunes, j'ai envie de dire: +si vous avez envie de vous investir, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas, bougeons-nous+. Rien n'est figé, même s'il y a des traditions. Certaines années, je me suis peut-être limitée toute seule. Pour moi, la force de l'athlé, c'est d'avoir plein de disciplines, de personnages et des gabarits différents. C'est ce qui fait la différence avec les autres sports".