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Le cyclisme sur piste, une simple affaire de muscles? Les Britanniques revendiquent l'inverse: ce sont des méthodes extrêmement strictes qui leur permettent de dominer les JO depuis 2008.
DES MOYENS MAIS PAS SEULEMENT
Au Royaume-Uni, la piste, basée à Manchester, dispose de moyens financiers très conséquents. L'argent (venu principalement de la loterie) a afflué au fur et à mesure que les résultats olympiques grimpaient en flèche. D'un seul titre aux JO de Sydney 2000, les Britanniques sont passé à deux à Athènes, puis à sept à Pékin et à Londres.
Mais ces fonds sont surtout utilisés à bon escient. "Dans l'approche scientifique de la performance", relève Frédéric Magné, le directeur du Centre mondial du cyclisme, consultant à Rio pour France Télévision. "Rien n'est laissé au hasard. Ces millièmes de seconde accumulés font des centièmes puis des dixièmes, etc..."
"Leurs protocoles tiennent la route et ils s'y tiennent", ajoute l'ancien triple champion du monde de keirin. La recette fonctionne au-delà des personnes puisque Dave Brailsford, l'homme qui a mis en place ce très efficace système concernant les élites et les espoirs (l'Académie) voici une quinzaine d'années, s'est retiré avant Londres sans que les résultats en pâtissent.
UNE STRATEGIE CLAIRE
Tout pour les JO. C'est le mot d'ordre de la fédération britannique. Quitte à sacrifier les Mondiaux chaque année, servant simplement de test et de session d'observation des futurs rivaux. Et à négliger complètement les épreuves non-olympiques, comme par exemple le kilomètre et la poursuite individuelle.
"La France veut de gros résultats tout le temps. En Grande-Bretagne, on laisse le temps de construire un programme. Etape par étape, c'est plus facile pour préparer les JO", a estimé lundi, dans le quotidien L'Equipe, le Néo-Zélandais Justin Grace qui a effectué un passage - fort peu concluant - à la tête du sprint français avant de rejoindre en 2014 le staff de Manchester.
C'est aux JO que les Britanniques sortent leurs innovations importantes, jamais avant. Nouveau vélo, nouveau casque, nouvelles combinaisons, nouvelles chaussures moulées tout carbone: la recherche ne néglige rien. Y compris dans la préparation mentale au sens large, la faculté pour un coureur de gérer le stress de l'événement et de supporter la souffrance. Ce domaine, que les Britanniques préfèrent minorer dans leurs discours, est jalousement gardé secret.
UNE CONCURRENCE PLUTOT FAIBLE
"Les autres nations anglo-saxonnes travaillent, elles ont une approche identique avec moins de moyens", note Frédéric Magné. A l'exemple des poursuiteuses américaines et des sprinteurs néo-zélandais, qui seuls ont inquiété les Britanniques à Rio.
Mais en huit ans, la France et l'Allemagne, deux grands pays de la piste, n'ont pas comblé leur retard. Les Britanniques, qui n'hésitent pas à recruter à l'étranger pour leur encadrement, conservent leur avance. Comme, dans un registre différent, l'équipe Sky victorieuse de quatre des cinq derniers Tours France (1 pour Wiggins, 3 pour Froome).
Les seules fissures dans cette forteresse viennent de l'intérieur. L'Australien Shane Sutton, directeur technique du cyclisme britannique jusqu'à peu, est absent à Rio. Il est en train de s'expliquer sur les accusations de discrimination et de sexisme portées par des athlètes féminines.
L'exigence est-elle trop forte, trop dure à supporter? Le ras-le-bol pointe parfois même s'il s'efface au moment des compétitions devant la réalité des résultats. Même le discret Jason Kenny , déjà deux fois médaillé d'or à Rio, s'est plaint l'hiver dernier que les athlètes soient "traités comme des enfants".
Il faut croire que les médailles font grandir.