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Le Français Denis Gargaud, qui espérait succéder à Tony Estanguet , a réalisé "le rêve d'une vie" en devenant champion olympique de canoë slalom monoplace mardi à Rio, quatre ans après celui qui lui avait longtemps barré la route.
"Je suis vraiment très heureux de la tournure des choses, c'est juste génial de reprendre le flambeau après Tony et de me faire remettre la médaille par lui", a-t-il réagi.
"C'est une émotion pour moi et pour lui et c'est un beau cadeau", a ajouté Gargaud qui avait du mal à réaliser l'exploit qu'il venait d'accomplir.
Le Marseillais âgé de 29 ans, champion du monde en 2011 mais devancé jusque-là par le désormais retraité Estanguet, a réalisé en finale un parcours parfait, ponctué d'un sans faute, pour devancer de près d'une seconde le Slovaque Matej Benus, longtemps meilleur temps, et le surprenant Japonais Takuya Haneda.
L'Allemand Sideris Tasiadis , médaillé d'argent à Londres derrière Estanguet, et meilleur chrono de la demi-finale, a craqué, commettant une faute pour terminer à la 5e place.
"Maintenant il y a de l'émotion mais pendant la course il y avait surtout de la maîtrise et je suis content justement de ne pas m'être laissé emporter par l'émotion", a ajouté Gargaud qui a tout de suite pensé à sa fille, restée à Marseille et qui suivait la finale dans son club du Marseille-Mazargues Canöe-Kayak.
"C'est stressant ce sport !", a confié un Tony Estanguet visiblement très heureux et soulagé. "Il a été bon le jeune, franchement la probabilité, elle n'était pas énorme", a ajouté celui qui depuis Londres est devenu membre du Comité internationale olympique (CIO) et copréside la candidature de Paris aux jeux Olympiques 2024.
-'Super solide'-
"J'avais un peu peur mais en même temps il n'y avait pas de quoi, car depuis le début de la semaine il est super solide", a ajouté Estanguet qui a rappelé que comme lui à Londres, Gargaud était parti "en 3e position avec le dossard 2".
Champion du monde en 2011, Gargaud pouvait dès lors logiquement prétendre à un ticket pour Londres en 2012. Mais il n'y en avait qu'un et c'est Estanguet qui l'avait arraché à l'issue d'un duel avec son héritier pour aller conquérir Outre-Manche un dernier titre olympique avant de dire adieu aux bassins.
L'homme est alors marqué comme jamais. Mais la déception digérée, il saura opérer une remise en question profonde et attendre son heure.
Alors que le Palois a raccroché la pagaie, la route est désormais ouverte pour lui. Epaulé dans sa quête d'or olympique par Benoît Peschier, champion olympique à Athènes en 2004 en kayak monoplace, Gargaud a su l'emporter sur ses rivaux en avril lors des sélections pour Rio. Pour enfin prendre dans le bassin olympique la place d'Estanguet.
Et s'il prépare déjà sa reconversion en étant à la tête d'une société de distribution de barres énergétiques, il doit déjà penser aux prochains Jeux. A Londres, Estanguet avait 34 ans. A Tokyo, Gargaud n'en aura que 33.
- La Marseillaise pour un Marseillais -
Comme un symbole, c'est Estanguet lui-même qui a remis à Gargaud sa médaille, avant qu'une centaine de supporteurs français très chauds n'entonnent à l'unisson la Marseillaise.
Aussitôt, Gargaud était félicité par Bernard Lapasset, autre coprésident du comité de candidature de Paris-2024 et par Denis Masseglia, président du Comité national olympique français (CNOSF), lui aussi Marseillais.
"C'est formidable, c'est un jour où on savait qu'on avait six ou sept chances de médailles. Il faut saluer la performance des cavaliers français qu'on n'attendait pas à pareille fête, et de Denis Gargaud qu'on suit depuis des années, mais qui a eu pour seule malchance de tomber sur Tony Estanguet ", a-t-il déclaré.
"Je suis très content pour Denis, c'est un mec bien, un mec formidable, il s'est accroché jusqu'à penser arrêter et aujourd'hui il doit être sur son nuage", a ajouté Masseglia.