Happy Birthday : |
Son dernier combat de boxe n'aura pas tout à fait eu l'issue souhaitée mais Sarah Ourahmoune, médaillée d'argent olympique samedi à Rio, descend du ring avec la fierté d'un parcours aussi atypique qu'obstiné, parfois risqué et au final abouti.
Difficile de s'y retrouver dans le maelström d'émotions qui s'est emparé de Sarah Ourahmoune, au moment où l'arbitre de la finale olympique a levé le bras de la Britannique Nicola Adams , la désignant une nouvelle fois reine olympique des -51 kg.
"Il y a la joie d'avoir vécu toute cette aventure olympique, la déception d'avoir perdu, la nostalgie de me dire que je ne monterai plus sur un ring", tente-t-elle de démêler.
"Dans les vestiaires, je me disais que c'était la dernière fois que je mettais mes gants, que j'enfilais mes chaussures de boxe", poursuit-elle. "Il y a un petit pincement au coeur mais je ne pouvais pas espérer mieux que partir sur une finale olympique."
A 34 ans, Ourahmoune, yeux rougis mais large sourire, raccroche les gants "en paix". Samedi, elle a bien tenté de surmonter deux premiers rounds trop timides face à la tenante du titre pour la rattraper au finish, sans succès.
Bien sûr, la licenciée d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) s'était pris à rêver au cours d'une semaine qui l'a vue passer successivement les 8e, quarts et demi-finales grâce à une boxe vive, aérienne et cérébrale. Mais elle qui voulait avant tout "participer" aux JO, après avoir manqué les premiers pas de la boxe féminine à Londres en 2012, voit plus loin.
"Je n'en espérais pas tant", glisse-t-elle, après avoir répété à l'envi ces derniers jours "nager dans le bonheur".
- 'Whaou, je ne pourrais pas le refaire' -
D'Ourahmoune, il faudra surtout retenir "l'image de volonté que dégage ce bout de femme", souligne son entraîneur Anthony Veniant, qui tenait sincèrement à ce que sa championne, l'une des pionnières de la boxe féminine en France, déjà championne du monde en 2008, soit "mise à l'honneur".
Car l'argent de Rio est pour elle le jackpot d'un pari un peu fou lancé en 2014, après deux ans d'arrêt autour de la naissance à sa fille.
"Il y a des moments où j'y pense, où je rembobine un peu tout le film, notamment depuis 2014", souffle-t-elle. "Je me rends compte qu'il y a pas mal d'obstacles et d'échecs que j'ai surmontés. La stratégie que j'ai eue, c'était de ne pas trop regarder en arrière, de ne pas trop pleurer sur mes difficultés."
"J'imaginais ce chemin vers Rio comme une course et chaque stage, chaque combat, chaque échec, je l'ai pris comme un obstacle sur lequel il fallait que je m'appuie pour me propulser un peu plus loin", poursuit-elle. "Là, maintenant que je fais le bilan je me dis: +whaou, je ne pourrais pas le refaire+."
On ne soupçonne en effet pas à quel point le quotidien de cette hyper-active est chargé. Elle dédiera désormais les heures passées à l'entraînement à son entreprise qui développe "des gants de boxe connectés", aux conférences et séances de "team building" qu'elle propose ou à son "association" offrant des "cours pour femmes, pour enfants, personnes en situation de handicap." Avec en tête le projet d'ouvrir une "salle de boxe innovante".
"Je pense que d'ici septembre il va y avoir un pic d'inscriptions dans les salles", prédit-elle d'ailleurs, en guignant l'imposant bilan français de cinq médailles à Rio, qui augmentera d'une unité dont le métal reste à forger dimanche (15H15 locales/20H15 françaises) avec la finale de Tony Yoka chez les super-lourds face à un autre Britannique, Joe Joyce.