Happy Birthday : |
Forteresse imprenable depuis des années, le badminton asiatique tremble sur ses fondations: l'Espagnole Carolina Marin peut renverser l'hégémonie de l'Asie sur les courts olympiques en devenant vendredi aux Jeux de Rio la première Européenne médaillée d'or en simple dames.
Cela fait deux décennies que les Asiatiques sont habitués à tout rafler et à se partager les podiums dans cette discipline, introduite au programme des JO à Barcelone en 1992.
Avant Rio, un total de 29 médailles d'or avaient été décernées en badminton, toutes catégories confondues (simple et double hommes et femmes, double mixte), et 28 ont été remportées par des Asiatiques. La 29e? Propriété du Danois Poul-Erik Hoyer Larsen, sacré en simple messieurs à Atlanta en 1996.
Et depuis 20 ans, plus aucun sacre pour les autres continents, même si la Danoise Camilla Martin (2000) et la Néerlandaise Mia Audina (2004) ont été finalistes en simple dames.
C'est cette suprématie que Carolina Marin, N.1 mondiale, compte bien ébranler vendredi en finale (10h25 locales, 15h25 françaises) contre l'Indienne Sindhu Pusarla, tête de série N.9. Et la perspective de renverser la hiérarchie planétaire semble lui donner des ailes.
"J'en ai la chair de poule", a commenté l'Andalouse (23 ans) aussitôt après sa victoire jeudi en demi-finales contre la championne olympique en titre, la Chinoise Li Xuerui, par deux sets à zéro (21-14, 21-16).
"Je ne sais pas ce qui va se passer (en finale) mais je suis émue parce que j'ai beaucoup travaillé, j'ai passé deux mois d'entraînement très difficiles. Je crois que cela en valait la peine et maintenant je veux obtenir cette récompense", a-t-elle ajouté.
- 'Pas inférieure' -
En 2012 à Londres, la Chine avait réussi un incroyable carton plein en s'adjugeant les cinq médailles d'or en jeu sur les courts de badminton. Carolina Marin, elle, avait été éliminée en phase de poules pour sa découverte des JO.
Devenue par la suite double championne du monde (2014, 2015), cette amatrice de flamenco, grande admiratrice de son compatriote tennisman Rafael Nadal , est désormais une joueuse redoutée sur le circuit.
La gauchère, tatouage en forme d'anneaux olympiques au poignet, a d'ailleurs atteint la finale à Rio sans perdre le moindre set lors de ses quatre premières rencontres. Même si Li Xuerui (N.3 mondiale) l'a un peu bousculée jeudi, la Chinoise n'a rien pu faire contre la détermination de l'Espagnole et a même fini le match blessée.
"La chose la plus importante aujourd'hui, c'était de montrer que je voulais la battre, que je ne me sentais pas inférieure à elle", a expliqué Marin.
"Il est clair que les Chinois dominent le badminton, mais si je lui montre que je veux gagner et que je ne baisserai pas les bras, même ses entraîneurs deviennent nerveux. J'ai essayé de garder pendant tout le match un langage corporel très confiant", a-t-elle lancé.
Et si Carolina Marin concrétise vendredi ce séisme inédit, un nouvel équilibre continental pourrait s'installer sur la planète badminton.