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"On ne pouvait pas ne pas gagner", a réagi Pierre Houin vendredi après son titre olympique à Rio, conquis aux côtés de Jérémie Azou, en deux de couple poids légers, notamment pour Stany Delayre , l'ancien partenaire d'Azou qu'il a remplacé il y a quelques mois.
Q: Comment vous sentez-vous avec cette médaille d'or autour du cou ?
Pierre Houin: "Elle est lourde... (rires) Il n'y a pas de mots. On est allés la chercher à quatre: nous deux, le coach et Stan (Delayre, ndlr). On ne pouvait pas ne pas gagner, pour l'histoire du double, pour tout ce qu'on a fait, pour tout ce qu'ils ont fait, c'est la concrétisation de tout ça."
Jérémie Azou: "On essaie de passer pour des robots mais c'est toujours un peu compliqué quand on regarde d'où on vient. Il y a l'émotion, l'armure qui se fend, parce qu'il y a eu beaucoup de douleur, de sacrifices, et puis des aventures humaines. C'est ce qui rythme notre quotidien et ce qui restera dans vingt ans. On ne peut pas être trois sur le podium, c'est pour ça que les larmes viennent aussi, parce cette aventure s'est construite à trois plus un, avec Stany Delayre , avec l'entraîneur Alexis Besançon. Je suis hyper content de pouvoir remplir le contrat. On se devait vis-à-vis de Stany de remporter l'or aujourd'hui (vendredi)."
Q: Comment avez-vous composé avec votre statut de favori ?
P.H.: "C'est toujours une sensation particulière au départ. Pendant la course, il faut réussir à analyser les attaques de toutes parts, parce qu'on savait qu'on allait être attaqués sur nos différents points forts. C'était vraiment la course la plus dure. Le plus dur, ce n'est pas d'être au top, c'est d'y rester. On a su le faire et je pense que, sans mâcher mes mots, c'est à ça qu'on reconnaît les champions."
Q: Est-ce le grand retour de l'aviron français ?
J.A.: "Ca fait quatre ans qu'on a réussi à ancrer quelque chose de régulier au niveau de la performance internationale. Avec Pierre qui a seulement 22 ans, j'ose espérer qu'il y a de belles années qui restent à tirer pour cette embarcation, si elle reste au programme des jeux Olympiques. Je ne suis pas sûr du tout de pouvoir aller jusqu'à Tokyo-2020 mais je ferai le maximum pour essayer de transmettre mon expérience. Là où c'est difficile, au niveau du staff, c'est d'arriver à créer de la continuité et du lien entre les plus anciens et les plus jeunes. C'est un pari réussi aujourd'hui et le relais est déjà passé avec Pierre."
Q: A quoi ressemble votre quotidien de sportifs amateurs ?
P.H.: "A celui d'un étudiant sportif de haut niveau tout ce qu'il y a de plus normal. 7 heures, sur l'eau tous les matins, 10 heures, en cours, et puis on remet ça à 16 heures. Je suis très content d'aller en cours parce que ça m'apporte une stabilité. C'est aussi ça qui nous permet d'être bons dans ce qu'on fait, d'avoir cette complémentarité, cet équilibre. C'est un étudiant normal qui vous parle, qui aime son sport au quotidien et qui n'a rien lâché."
J.A.: "Être amateur, c'est ce qui nous protège de beaucoup de choses et qui fait la beauté du sport. On est obligés de travailler à côté, on a beaucoup d'ingénieurs, un électricien, un carreleur, des profs de sport... Moi, je suis kiné-ostéopathe. C'est la tête et les jambes l'aviron, et c'est aussi pour ça que c'est une super belle école. Il y a une forme d'équilibre aussi : c'est ce qui nous permet face à des grosses écuries comme les Anglais, qui sont professionnels, de cultiver l'envie. Ca permet de garder cette petite flamme de la passion, de l'allumé !"