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Une intersexuée et un ancien réfugié au firmament: la Sud-Africaine Caster Semenya et le Britannique Mo Farah , ont été au bout de leurs rêves, samedi lors de la dernière soirée d'athlétisme des JO-2016 au stade olympique de Rio.
Qu'a donc pu penser Semenya sur le podium, en recevant en même temps que sa médaille d'or du 800 m une franche ovation du public brésilien, quelques instants après avoir établi un nouveau record national sur la distance (1 min 55 sec 28/100e) et dominé la course?
Peut-être au chemin parcouru depuis le calvaire qui fût le sien, sept ans plus tôt, lors des Mondiaux de Berlin de 2009: une heure avant la finale, elle avait eu le choc d'apprendre que la Fédération internationale d'athlétisme allait enquêter sur son genre sexuel.
La jeune fille de 18 ans allait alors traverser onze mois de souffrance, de honte et de frustration, suspendue pendant que d'autres travaillaient à la connaître mieux qu'elle.
Forcément, l'or de ce samedi avait pour elle, athlète intersexuée qui possède un taux de testostérone qui la rapproche des hommes, comme un goût de revanche, mais sans rancune aucune.
Obligée de 2011 à 2015 de prendre des médicaments pour réduire ce taux de testostérone en vertu d'un règlement de l'IAAF, l'athlète a depuis retrouvé la forme avec la suspension par le TAS de ce même règlement, afin qu'il soit affiné.
"C'était une course fantastique et un plateau très relevé, donc il fallait d'abord savoir être patiente. Je suis juste très heureuse d'avoir remporté l'or", a-t-elle confié.
Les interrogations, pourtant, vont encore se faire jour. Semenya a en effet devancé la Burundaise Francine Niyonsaba (1:56.49) et la Kényane Margaret Nyairera Wambui (1:56.89), dont les allures androgynes posent également question.
Et l'IAAF présentera dans les prochains mois un nouveau règlement pour ces athlètes qui bousculent la structure sexuée du sport, basée sur des compétitions hommes et des compétitions femmes.
- Farah comme Viren -
Mo Farah a lui aussi connu un parcours mouvementé, de sa Somalie natale jusqu'à l'Angleterre, sa terre d'accueil à l'âge de 8 ans.
Samedi, il a réalisé un nouveau doublé 5000-10.000 m, avec une victoire sur la plus courte des distances en 13 min 03 sec 30/100e.
Farah, qui n'a cette fois-ci pas eu le temps de faire à l'arrivée son signe du "MoBot", un M avec les bras au-dessus de la tête, devient le deuxième athlète de l'histoire à effectuer un deuxième doublé olympique sur ces distances après le Finlandais Lasse Viren (1972 et 1976).
Cette course mouvementée a été le théâtre de disqualifications et de requalifications ubuesques.
Un temps disqualifié, l'Américain Paul Chelimo a été finalement requalifié et conserve la médaille d'argent, derrière Mo Farah , l'Éthiopien Hagos Gebrhiwet restant en bronze.
"C'est le rêve de tout athlète, mais je ne peux vraiment pas y croire! Je n'allais pas laisser le couloir intérieur, je ne voulais pas me faire enfermer. Je n'ai qu'une envie maintenant: rentrer chez moi, voir mes enfants et passer la médaille autour de leur cou", a déclaré Farah, utilisant presque mot pour mot une formule employée lors de ses doublés précédents aux Mondiaux 2013 et 2015.
La soirée a également permis de récompenser quelques talents à l'âge avancé comme l'Espagnole de 37 ans Ruth Beitia , première Espagnole championne olympique.
Sur 1500 m, c'est l'Américain Matthew Centrowitz qui a remporté la palme en 3 min 50 sec 00/100, un chrono qui était à la mode dans les années 30.
Les relais 4x400 m ont tenté de soulever l'enthousiasme du public du stade olympique. Mais les spectateurs auront finalement plus rugi à l'annonce de la victoire du Brésil dans le tournoi olympique de football qu'au doublé américain, chez les messieurs et les dames.
La discrète Allyson Felix en a profité pour décrocher sa 6e médaille d'or olympique, avec cette statistique incroyable: elle est invaincue dans les cinq relais olympiques auxquels elle a pris part (4x100 m en 2012 et 2016, 4x400 m en 2008, 2012 et 2016). Elle a également été sacrée championne olympique sur 200 m en 2012.
A 30 ans, elle peut encore envisager d'être de la partie à Tokyo en 2020, pour le prochain rendez-vous olympique.