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Alors que la sélection olympique russe amputée d'une centaine de sportifs commençait à arriver à Rio, son équipe d'athlétisme s'affrontait dans un vétuste stade de Moscou, avec l'idée de montrer au monde ce dont elle aurait été capable aux Jeux.
Une semaine après la confirmation par le Tribunal arbitral du sport (TAS) que la Fédération internationale d'athlétisme avait bien le droit d'exclure 67 athlètes russes des JO (5-21 août), 53 d'entre eux avaient décidé de se réunir jeudi en fin d'après-midi pour une compétition non officielle. Le tout dans un minuscule stade, devant un public presque inexistant.
Dans une ambiance de fête foraine, Sergey Shubenkov, Ivan Ukhov et d'autres stars de l'athlétisme russe s'élançaient devant un public composé majoritairement des familles et proches des sportifs.
"Nous avons besoin de montrer que nous avons de bons résultats, que nous aurions été bons au niveau international", explique aux journalistes la lanceuse de disque Yekaterina Strokova. "Il fallait qu'on le dise".
Si les athlètes russes avaient été autorisés à se rendre à Rio, leurs concurrents "auraient certainement eu peur de nous", ajoute-t-elle, avec un regard de défi.
"Bien entendu, cette compétition ne remplacera jamais les jeux Olympiques", assure pour sa part la spécialiste du 400 m haies Vera Rudakova. "Elle est organisée pour nous convaincre que nous sommes incroyablement en forme et que nous aurions été prêts à nous battre pour la mère patrie" à Rio.
- Soutien aux athlètes -
Au cours de cette compétition, organisée à la dernière minute par la Fédération russe d'athlétisme (Araf), les sportifs furent même gratifiés d'une visite surprise du ministre des Sports Vitali Moutko.
"Nous soutiendrons (les athlètes) mais maintenant le devoir des sportifs est de se préparer pour la saison prochaine", a-t-il déclaré à la presse.
A l'issue de cette compétition de trois heures, les vainqueurs de chaque discipline ont remporté des prix allant jusqu'à 500.000 roubles (6.720 euros). Pour le président de l'Araf Dmitri Chliakhtine, "c'est une forme de compensation matérielle pour ce que nous n'avons pas pu faire".
Critiquée par de nombreux athlètes, l'Araf est accusée de ne pas avoir su prendre à temps les mesures exigées par les instances sportives et antidopage internationales, rendant ainsi inévitable son exclusion des JO.
Dans une lettre envoyée samedi au président de l'IAAF, le lanceur de marteau Sergey Litvinov avait ainsi avoué "ne pas être optimiste" à l'idée de devoir compter sur l'Araf pour que la Russie réintègre le giron de l'athlétisme mondial.
"J'espère que la fédération va commencer à se préparer sérieusement pour récupérer son adhésion à l'IAAF, il ne faut plus tarder", a de son côté appelé le ministre des Sports.
- Klishina seule à Rio -
Double championne olympique de saut à la perche, Yelena Isinbayeva avait pour sa part refusé de participer à cette compétition "de consolation", expliquant ne pas s'être entraînée suffisamment.
Elle avait néanmoins voulu souhaiter un bon voyage à la sélection russe olympique dont une partie des membres se sont envolés tôt jeudi matin pour Rio.
En plus des 67 athlètes privés de Jeux, les fédérations internationales des 27 autres sports olympiques d'été ont suspendu plus de cent sportifs russes.
Mais "jamais ne seront brisés les sportifs qui vont à Rio ou qui y sont déjà", a déclaré la 'tsarine' de la perche, assurant que l'équipe russe allait "ébranler le monde" avec ses performances sportives.
Les autres athlètes se voulaient eux aussi optimistes et certains, comme le triple sauteur Lyukman Adams, affirmaient qu'ils soutiendraient la sauteuse en longueur Darya Klishina.
Installée en Floride depuis 2013, la championne de 25 ans est la seule athlète russe autorisée à participer aux Jeux parce que son expatriation l'a préservée du système de dopage mis en place par la Russie.
Une autorisation qui lui avait valu de lourdes critiques au moment de sa sélection, certains allant jusqu'à la considérer comme une "traîtresse" pour ne pas s'être montrée solidaire des autres athlètes russes.