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© AFP/Fabrice COFFRINI
Sebastian Coe
, président de la Fédération internationale d'athlétisme, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio, le 5 août 2016
"Bolt est un génie", estime Sebastian Coe , président de la Fédération internationale d'athlétisme, dans un entretien exclusif à l'AFP.
Q: Quel regard portez-vous sur le déroulé des épreuves d'athlétisme lors de ces Jeux?
R: "Si vous regardez ces Jeux en termes de performance, ce sont probablement les meilleurs JO de l'histoire. Nous avons eu plusieurs records du monde, de nombreux records continentaux et encore plus de records nationaux, on ne peut pas espérer mieux. Mais il existe aussi des défis. Le stade par exemple n'est probablement pas celui qui aura été le plus simple à rejoindre (pour les spectateurs du reste des sites olympiques). Il y a eu des réflexions et des décisions prises très compliquées autour de la tenue de finales en matinée. On a travaillé à aider le comité d'organisation sur ces questions, avec des pratiques locales et des besoins d'adaption pour les diffusions. Pour être honnête, je ne pense pas que ces problèmes deviendront la norme. En quelque sorte, le succès de Londres n'était pas non plus la norme".
Q: Le stade, souvent peu rempli, pose la question de l'intérêt du public...
R: "Ce n'est pas vrai. Le stade était plein par exemple pour Bolt jeudi. Ok, ce n'était pas le cas tout le temps et certaines sessions ont été problématiques, peut-être en raison du prix des places. Mais, mettons tout ça en perspective: durant les deux premiers jours de compétition, nous avons eu plus de spectateurs que 18 sports olympiques en 250 sessions. Ca n'a pas été facile, il n'y pas toujours de passion dans le stade, mais dans les gros moments, si".
Q: Cette passion n'a-t-elle pas été trop loin parfois, par rapport par exemple à Renaud Lavillenie ?
R: "J'ai vu Renaud à ce moment et j'ai été clair pour dire que j'ai été mal à l'aise avec ça. D'où que vous veniez, quelle que soit votre culture ou votre religion, votre parcours, vous méritez le respect".
Q: Que pensez-vous des performances de Bolt ?
R: "Que dire de plus? Ce gars est un génie. Il n'y avait eu personne comme lui depuis Mohammed Ali en termes de faculté à capter l'imagination des foules. Si vous m'aviez dit en 2008 que ce gars allait faire tout cela, trois JO, un parcours incroyable... la différence entre le bon et le super athlète, c'est la longévité. Et Bolt a cette longévité."
Q: Comment faire pour combler le vide qu'il va laisser?
R: "Ce sera un trou immense, mais pas insurmontable. On se posait la même question avec Mohammed Ali. Puis Floyd Mayweather, Marvin Hagler, Manny Pacquiao, Sugar Ray Leonard sont arrivés. On ne comblera pas ce trou en une nuit. Mais il y a des grands athlètes et on doit s'assurer de pouvoir le faire savoir au monde."
Q: Est-il envisageable de lui confier un rôle au sein de l'IAAF?
R: "Nous en avons déjà parlé. On a commencé à échanger à ce sujet il y a deux trois ans et je lui ai dit: +Quand tu penses qu'il sera temps de faire autre chose, faisons en sorte que dans le portfolio des choses possibles, nous puissions éviter de te perdre+. C'est mon souhait mais je ne sais pas encore dans quel rôle. Pour en discuter bien, il faut aussi sans doute que l'athlète ait laissé derrière lui plusieurs années après la fin de sa carrière."
Q: Quel est votre moment fort de ces JO en athlétisme?
R: "C'est un problème de riche. Mais on a pratiquement tout dit quand on dit que le record du monde de Michael Johnson sur 400 m a été battu. C'est extraterrestre. J'avais rencontré Van Niekerk lors des Championnats d'Afrique à Durban il y a quelques semaines, j'avais compris qu'il était en forme. Le sacre de Rudisha aussi, il a juste fait très exactement ce qu'il fallait faire dans cette course. Il les a maintenus dans la +killing zone+ entre les 500 et 600 m. J'aurais aimé qu'il y ait plus de monde dans le stade à ce moment-là, mais il faut savoir composer".
Q: Est-il réaliste d'imaginer la Russie présente aux prochains Mondiaux de Londres en 2017?
R: "La Task Force travaille sur la réintégration de la Russie. Notre priorité est de maintenir le dialogue. Nous avons fixé des critères. L'un de ceux-là est d'arrêter la culture de la tricherie. Je ne sais pas combien de temps cela prendra. Je ne suis pas un isolationniste, on ne peut pas rester comme ça. On a pris une claire décision et oui nous voulons le retour de la Russie, mais avec des athlètes qui auront suivi un processus clair".
Q: Quelle votre réaction à l'élection de Yelena Isinbayeva à la commission des athlètes (tous sports confondus, NDLR) du CIO?
R: "Elle devient la troisième athlète au sein de cette commission et c'est une très bonne chose pour notre sport. Nous sommes impatients de travailler avec elle et avec les trois athlètes".
Q: Et votre réaction à l'annonce de sa retraite?
R: "Elle a été une athlète phénoménale, une des stars de notre sport".