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L'intersexualité sur les tartans: la finale du 800 m dames des jeux Olympiques de Rio mettra samedi aux prises des athlètes dont le genre sexuel pose question au sein des instances de l'athlétisme et du sport en général.
Caster Semenya est en bien involontaire figure de proue: la Sud-Africaine, grande favorite du 800 m samedi à Rio (21h15 locales, 02h15 françaises), a terriblement souffert des questions qui ont entouré sa victoire lors des championnats du monde de 2009.
Une suspension pendant 11 mois, des tests intimes en tous genres, des rumeurs d'hermaphrodisme... La jeune femme d'alors 18 ans a pris en plein visage sa différence.
Semenya est intersexuée, comme à priori 0,1 à 0,4% de la population mondiale.
En clair, une sécrétion excessive d'androgènes provoque chez la jeune femme une hausse du niveau de testostérone, hormone accroissant la masse musculaire et réputée améliorer les performances. Une sorte de dopage génétique bien involontaire.
Et cela pose une question: alors que le sport est sexué, basé sur des compétitions hommes et des compétitions femmes - très peu de disciplines sont mixtes - où placer le curseur?
Son cas a abouti à l'adoption d'une règlementation qui fait de l'IAAF, en 2011, la première fédération internationale à autoriser les femmes atteintes d'hyperandrogénie à participer aux compétitions, évidemment avec les femmes, à condition d'afficher des niveaux d'androgène inférieurs aux valeurs enregistrées chez les hommes ou de prouver qu'elles n'en retirent aucun bénéfice.
Pour continuer à courir, Semenya doit donc suivre un traitement médicamenteux pour réduire son niveau de testostérone. Prendre des médicaments alors qu'elle est en pleine santé...
Un revirement est intervenu l'an dernier, avec la suspension de cette règlementation par le Tribunal arbitral du sport de Lausanne (TAS), saisi par une sprinteuse indienne, et qui a estimé que c'était à l'IAAF de prouver que les performances athlétiques étaient forcément améliorées chez les sportives présentant une production naturelle excessive d'hormones mâles.
- Kratochvilova battue? -
La procédure devrait se terminer dans l'année qui vient, avec une nouvelle règlementation présentée par l'IAAF.
Cette suspension de règlementation laisse donc le champ libre à Semenya pour Rio.
Mais l'épreuve du 800 m s'en retrouve bouleversée, puisqu'outre Semenya, d'autres concurrentes présentent des physiques qui laissent penser qu'elles sont également intersexuées.
Le podium pourrait ainsi regrouper Semenya, la Burundaise Francine Niyonsaba et la Kényane Margaret Nyairera Wambui, qui paraissent imbattables pour les autres femmes.
Et le record du monde de la Tchèque Jarmila Kratochvilova , qui présentait elle-même une allure masculine, pourrait tomber: ce serait un coup de tonnerre, encore, pour l'athlétisme, puisqu'il s'agit du plus vieux record du monde encore en vigueur (1:53.28 le 26 juillet 1983 à Munich).
Quinze minutes après cette finale, le Britannique Mo Farah tentera de réussir un nouveau doublé, cette fois sur 5000 m, après avoir gagné la semaine passée le 10.000 m.
Il réaliserait ainsi un nouveau doublé olympique après celui de Londres-2012 pour rejoindre dans l'histoire le Finlandais Lasse Viren , le seul jusqu'à présent à l'avoir fait sur ces distances (1972 et 1976).
Les relais 4x400 m dames puis messieurs concluront cette dernière journée dans le stade olympique des JO-2016, puisque dimanche l'épreuve du marathon messieurs se déroulera dans les rues de Rio.