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De la grâce et de la hauteur: quatre ans après leurs sacres olympiques à Londres, le Kényan David Rudisha sur 800 m, et le Français Renaud Lavillenie à la perche, clôturent lundi à Rio un cycle qui les a vus prendre une dimension sans pareil.
Lavillenie, le tombeur de Bubka, le +nouveau Napoléon+ de la perche, l'enfant de Charente devenu homme d'Auvergne, attend ce rendez-vous depuis quatre ans. "Je suis champion olympique, on ne pourra jamais m'enlever ce titre", déclamait-il sur tous les tons en 2012.
Le sacre londonien l'a fait entrer dans une nouvelle dimension, lui le 11e champion olympique seulement de l'histoire de l'athlétisme français. Il a depuis touché un public encore plus vaste, un soir d'hiver 2014, en portant la marque planétaire à 6,16 m, sous les yeux du Tsar Bubka.
Alors, forcément, Rio doit lui appartenir. "Je ne viens pas à Rio pour défendre mon titre, mais pour en conquérir un autre", répète le Français depuis plusieurs mois.
En quatre ans, Lavillenie a complété une collection de trophées toujours plus impressionnante: outre l'or olympique et le record, il est double champion du monde en salle et septuple champion d'Europe (trois en plein air et quatre en salle).
Sa saison n'a pas exactement répondu à ses attentes, même si une septième Ligue de diamant de la discipline -en sept éditions !- est en bonne voie. Car les récents Championnats d'Europe d'Amsterdam -trois zéros- sont venus rappeler aux non-spécialistes que la perche est sans conteste la discipline la plus aléatoire de l'athlétisme.
Maîtrise technique, force physique, souplesse et analyse du vent: il faut tout cela en tête en produisant son effort. A force de gagner, Lavillenie a réduit cette part d'aléatoire. Faites dix concours et Lavillenie gagnera.
Mais il se peut que celui qu'il perde soit un Championnat du monde en plein air, comme par exemple en 2013 à Moscou, ou en 2015 à Pékin.
- Rudisha sait tout faire -
Les qualifications de vendredi l'ont en tout cas mis dans de bonnes dispositions. "Ca a été bien de voir que les réglages, les repères sont plutôt bons et que surtout je suis en forme", a-t-il réagi.
Bref, à lui de jouer. A lui de devenir le second perchiste de l'histoire à conserver son titre olympique depuis Bob Richards (1952-1956).
Sur 800 m messieurs, Rudisha part pour une mission similaire. Mais l'homme de Londres, qui avait battu le record du monde de la distance avec l'or en tête pour seul lièvre (1:40.91), n'a pas connu la même trajectoire fluide que Lavillenie pendant l'olympiade.
L'athlète kenyan, posé comme un prince à la voix douce, a dû composer avec son corps, souvent blessé. Meurtri, il n'a pu défendre ses chances aux Mondiaux-2013 de Moscou. Le seigneur du double tour de piste a cependant profité de la période pour travailler toutes les tactiques possibles.
On le savait capable de mener un rythme implacable, hors d'atteinte, à l'image de son record du monde. On l'a découvert fin tacticien, susceptible de battre ses adversaires au sprint dans la dernière ligne droite comme lors de sa renaissance l'an dernier aux Mondiaux de Pékin.
Rudisha, 27 ans, a perdu un adversaire de talent, le Polonais Adam Kszczot, vice-champion du monde, éliminé en demi-finale. Mais il s'est peut-être découvert un nouvel adversaire avec le Français Pierre-Ambroise Bosse, 24 ans.
Bosse a montré une maturité intéressante en demie, vainqueur de sa course où de vieux briscards sont passés à l'as. Reste maintenant à gérer le stress. "Il faudra être acteur de la course", prophétise-t-il.
S'il venait à monter sur le podium, Bosse serait le premier Français à décrocher une médaille olympique sur la distance depuis Marcel Hansenne , en 1948 à Londres (bronze).