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Exceptionnelle soirée pour l'athlétisme français: Christophe Lemaitre , en bronze sur 200 m, et Kevin Mayer, en argent au décathlon, ont remonté le temps pour offrir à la France des bonheurs qu'elle n'avait plus connus depuis plus d'un demi-siècle.
Le roi Bolt a lui continué sa moisson historique, vainqueur du 200 m et poursuivi sa course vers le "triple triple", à savoir remporter le 100 m, le 200 m et le 4x100 m sur trois éditions différentes des Jeux.
Étalé de tout son long sur le tartan, les yeux rivés vers l'écran géant: Lemaitre regarde, le souffle court, son destin s'écrire en lettres capitales.
Quelques secondes auparavant, il vient de livrer un 200 m Dante sque. Cinquième à 60 m de l'arrivée, 4e encore à 30 m, le grand blond a donné tout ce qu'il avait pour grignoter sa part.
C'est bien son nom, finalement, qui apparaît en troisième position à l'arrivée. Et Lemaitre n'a pas l'air d'y croire.
- Pour quelques millièmes de secondes -
Pour quelques millièmes, il a croqué le Britannique Adam Gemili (20.12 pour les deux hommes), qui hoche la tête d'incrédulité.
Lemaitre a écrit l'histoire, rejoignant Abdoulaye Seye, dernier représentant tricolore honoré en sprint aux JO, lui aussi en bronze sur le 200 m de Rome en 1960.
"Bien sûr que je suis content. Ne pas être content d'une médaille olympique... A part Bolt qui serait dégoûté d'être médaille d'argent.. C'est incroyable", réagira plus tard le Français de 26 ans.
Sa course est un exemple de ce qu'il sait faire le mieux: se battre, épaule contre épaule, jusqu'au bout sans jamais rien lâcher.
"Ça se joue sur rien. Mis à part Bolt et De Grasse qui ont fait leur course attendue, c'était serré pour la médaille de bronze, il a fallu se déchirer jusqu'à la fin", a-t-il ajouté.
Bientôt, Lemaitre se relèvera pour aller chercher un drapeau tricolore et se lancer dans un tour d'honneur où il rejoindra la grande star de la soirée, Usain Bolt .
Il n'a pas pu le faire durant la course, car Bolt, impérial bien que vieillissant, s'est offert en 19 sec 78/100e un nouveau doublé olympique après son sacre dimanche sur le 100 m. Huitième or olympique pour Bolt, en route pour le +triple triple+ dès vendredi, avec la finale du 4x100 m.
"Non, je n'arrive pas à réaliser ce que j'ai accompli, vraiment pas", a déclaré Bolt. "Vous travaillez si dur pendant des années et puis vous espérez juste ensuite en être récompensé. C'est un sentiment formidable", a-t-il ajouté.
"Je vieillis et mon corps prend de l'âge. Personnellement, je pense que c'était mon dernier 200 m mais mon entraîneur ne sera sûrement pas de cet avis", a-t-il souri.
- Mayer si près d'Eaton -
Le temps, cette notion si importante en athlétisme, a bien remonté son cours jeudi, pour les Français.
Car Kévin Mayer aussi, a rendu une copie magistrale. Le Français de 24 ans, beau gosse de l'athlétisme tricolore, a poussé dans ses derniers retranchements le meilleur athlète du monde, l'Américain Ashton Eaton , vainqueur du décathlon avec 8893 pts.
Sept secondes à reprendre au recordman du monde à l'entame de la dernière épreuve, le 1500 m: c'était insurmontable, mais Mayer a néanmoins conservé l'argent (8834 pts), devant le Canadien Damian Warner (8666).
Cette fois-ci, il faut remonter à 1948 pour trouver trace du dernier et seul médaillé olympique français dans la discipline: Ignace Heinrich en argent à Londres.
Mayer a pour cela pulvérisé de 260 points l'ancien record de France de Christian Plaziat , qui datait de 1990.
"J'ai clairement donné mon corps à la science pendant deux jours", a résumé Mayer. "J'ai clairement du mal à marcher. C'est la beauté du décathlon, on va à la mort jusqu'au bout. Et c'était pratiquement un décathlon parfait pour moi. De A à Z".
Comme cette soirée magistrale pour l'athlétisme français.