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La Sud-Africaine Caster Semenya est de retour au sommet du demi-fond mondial et vise le doublé 400 m-800 m aux Jeux de Rio, tout en espérant mettre derrière elle le débat sur son genre qui entoure ses performances depuis 2009.
A Rio, Semenya aura l'occasion d'accrocher un premier titre olympique, notamment sur le 800 m, dont elle détient la meilleure marque mondiale en 2016 (1:56.64, à Rabat en mai et Rome en juin).
C'est sur cette distance où elle s'était révélée au grand public aux Mondiaux de Berlin en 2009. Championne du monde, elle avait alors écrasé la concurrence en s'imposant avec plus de deux secondes d'avance sur sa dauphine.
Le début d'un calvaire pour Caster: dans la foulée de ce succès, sa voix grave et sa carrure soulèvent les questions de ses rivales et des observateurs. Et si Semenya n'était pas vraiment une femme?
Pour le vérifier, l'IAAF ordonne une batterie de tests médicaux et suspend l'athlète pendant près d'un an.
Finalement autorisée à recourir en juillet 2010, elle obtient l'argent, toujours sur 800 m, aux Mondiaux de Daegu en 2011 comme aux JO de Londres, un an plus tard.
A 25 ans, elle semble aujourd'hui dans la forme de sa vie et souhaite mettre les polémiques loin derrière elle.
-Soutenue par Sebastian Coe -
"Je n'ai pas le temps de parler de ça. Je suis une athlète et je me concentre surtout sur les problèmes qui me concernent: s'entraîner, être performante, manger, dormir", explique-t-elle en juin lors des Championnats d'Afrique, à Durban.
"Cette histoire ne fait pas partie de moi, vous savez", ajoute-t-elle.
Les examens de Semenya n'ont jamais été rendus publics mais l'IAAF avait décidé de prendre des mesures pour encadrer les femmes atteintes d?hyper-androgénie.
Cette sécrétion excessive d'androgènes, provoque une hausse du niveau de testostérone, hormone accroissant la masse musculaire et réputée améliorer les performances.
L'an dernier, le Tribunal arbitral du sport a néanmoins assoupli la règlementation en demandant à l'IAAF de prouver que les performances athlétiques étaient forcément améliorées chez les sportives présentant une production naturelle excessive d?hormones mâles.
Cette décision tranche pour l'heure la polémique et laisse le champ libre pour Semenya à Rio.
Et la semaine dernière, elle a reçu un soutien de poids en la personne du président de l'IAAF, Sebastian Coe .
"Je n'aime pas voir les athlètes, quelle que soit leur discipline, être diabolisés. On parle d'êtres humains ici", a-t-il lancé en marge des Championnats d'Afrique.
-'Elle pourrait tout casser'-
Championne d'Afrique du 1.500 m et du 4x400 m, elle est également dans les temps (50.74 en avril à Stellenbosch, 8e chrono de la saison ) sur 400 m et peut espérer glaner plusieurs médailles aux Jeux, si elle choisit de s'aligner également sur le tour de piste.
"Elle est clairement favorite pour l'or olympique", sur 800 m, estime Hezekiel Sepeng, manager de l'équipe d'athlétisme d'Afrique du Sud.
"Si elle décide de faire aussi le 400 m elle pourrait tout casser aux JO et remporter deux médailles d'or,", poursuit-il.
De retour sous les feux des projecteurs, Semenya veut définitivement mettre derrière elle les polémiques et cette époque qu'elle a décrit comme une "invasion de son intimité".
Elle préfère se souvenir du président sud-africain Nelson Mandela qui l'avait soutenue à l'époque "des heures sombres" de sa suspension.
Semenya qui étudie les sciences du sport à l'université de Potchefstroom, au nord-ouest de l'Afrique du Sud demeure aujourd'hui très méfiante envers les médias et refuse la plupart des demandes d'interview.
"Elle est bavarde et se sent plus libre quand elle est avec des gens en qui elle a confiance. Et si elle n'aime pas quelque chose, elle vous le dira cash", explique Hezekiel Sepeng.
"Ca fait du bien d'être de retour sur les pistes, j'ai traversé beaucoup de choses", avait-elle affirmé au Sunday Times, un hebdomadaire sud-africain en avril.
"Je suis de retour avec une grosse motivation. Mon but est d'aller à Rio et de gagner la médaille d'or", espère celle qui a épousé en décembre 2015 sa partenaire de longue date, Violet Raseboya.