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Jusqu'au bout de ses forces et dans l'esprit olympique, Yohann Diniz a tenu à terminer le 50 km marche des Jeux, huitième finalement sous la banderole d'arrivée, ultime station de son chemin de Croix.
Recordman du monde de la distance (3 h 32 min 33), Diniz (38 ans) s'échappe dès le premier kilomètre. Il est en mission et fait des miracles.
"En vérité, aux autres Jeux, j'ai été une fois disqualifié (à Londres, pour ravitaillement hors zone après avoir franchi la ligne à la 8e place), et l'autre (en 2008 à Pékin) où j'ai abandonné. En gros, c'est comme si je n'avais pas fait les Jeux. Si je termine ma carrière un peu après (Rio), j'aimerais bien apparaître au moins une fois dans un classement", avait-il proclamé en arrivant au Brésil, le pays de son grand-père paternel Xavi er.
Ascétique comme un Christ, l'ancien travailleur social marche sur l'eau alors que le circuit longe l'Océan atlantique à Pontal. A chaque retour du circuit de deux kilomètres, il croise, le regard haut, ses poursuivants.
Station 1:
Une première alerte, autour du 10e km, claque comme une prophétie: "je ch... du sang", crie-t-il à Pascal Chirat, manager de la marche au sein de la Fédération française d'athlétisme (FFA).
Station 2:
La chaleur fait des dégâts. Diniz s'arrête à hauteur de Chirat, son ex-entraîneur. Il souffre de problèmes gastriques et semble devoir abandonner. Mais une minute plus tard, il repart avec le Canadien Evan Dunfee, son premier poursuivant.
"Quand il s´est arrêté, je me suis dit: +Tant mieux, j´ai gagné une position+. Mais je n´ai jamais souhaité qu´il ait ce genre de problème, bien au contraire. Je voulais arriver devant lui, mais j´admire beaucoup ce qu´il a fait. Les gens qui ne connaissent pas notre sport ne se rendent pas compte, ce qu´il a fait est très difficile. Souvent, un recordman du monde, ça ne l´intéresse pas de continuer si c´est pour faire un mauvais temps. Il préfère arrêter. Mais lui, non. Il s´est donné à fond, c´est ça, l´esprit olympique", explique le Brésilien Caio Bonfim.
Station 3
La croix est trop lourde à porter. La scène est impressionnante: Diniz s'effondre. Des volontaires le remettent sur pied et l'aspergent d'eau et de glace. Miracle: le triple champion d'Europe reprend la route.
A nouveau, il est près de s'agenouiller, comme un boxeur sonné, mais des concurrents l'encouragent du geste. Yohann baisse la tête, le crépuscule envahit son cerveau. Il s'arrête encore plusieurs fois.
Station 4
Incroyable: le Champenois passe la ligne d'arrivée, au bout de sa mission, 5 minutes 45 sec après le vainqueur, le Slovaque Matej Toth. Puis, à demi-conscient, sur une chaise, on le transporte sous une tente.
Dans un état second, le marcheur semble refaire surface, mais il penche à nouveau la tête de côté. Pour plus de sécurité, il est évacué vers une clinique. Il en sortira au bout de quatre heures de surveillance et d'examens radiologiques complémentaires.