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Un déluge de déception: Renaud Lavillenie , immense favori de la perche, a été battu par le héros local, le Brésilien Thiago Braz, en finale des JO-2016, où la pluie diluvienne et le concours d'une vie se sont ligués contre lui.
L'argent ne fait pas toujours le bonheur: Lavillenie le sait bien. Lui qui, malgré son incroyable palmarès, a déjà connu de grandes déceptions dans sa carrière, notamment aux Mondiaux, qu'il n'a jamais remportés.
Celle de lundi, toutefois, s'annonce terrible à digérer pour le recordman du monde (6,16 m).
La pluie, diluvienne, l'état de grâce et le talent du jeune Braz, 22 ans, se sont ligués pour l'empêcher de devenir le deuxième perchiste de l'histoire seulement à conserver son titre après l'Américain Bob Richards en 1952 et 1956.
"Il y a une vraie frustration et déception de voir qu'aux JO il n'y a aucune valeur de respect et de fair-play. Je ne conçois pas de siffler des athlètes. Autant qu'ils restent chez eux derrière leur télé, ils laisseront la place à des gens qui ont envie de voir du sport", a fustigé Lavillenie, hué par le public carioca lors de ses tentatives.
Il était 23h00, quand Lavillenie s'est enfin présenté en bout de sautoir. Deux heures trente minutes d'une attente interminable depuis le début officiel de l'épreuve.
Une heure dix minutes à espérer que les conditions météo s'améliorent, le stade étant transformé en piscine olympique par la faute de pluies diluviennes. Une autre heure dix à regarder ses adversaires s'épuiser à des hauteurs que lui ne daigne plus passer.
- Public peu fair-play -
Autant de temps à ronger son frein. Mais que sont finalement ces quelques minutes à occuper quand, comme lui, on attend ce rendez-vous depuis quatre ans et son sacre olympique à Londres?
Alors Lavillenie patiente. D'abord au chaud dans les vestiaires. Puis sur le banc quand le concours reprend.
En bord de piste même, à discuter avec son entraîneur Philippe d'Encausse. Puis seul, de nouveau, et cette fois-ci avec le masque de la concentration.
A 5,75 m au premier essai, il se place en tête et est encore accompagné de quatre adversaires: l'Américain Sam Kendricks, le Tchèque Jan Kudlicka, le Polonais Piotr Lisek et le Brésilien Thiago Braz, héros local.
A chaque tentative, ce dernier est porté par la foule et ce n'est pas un mince exploit, car le stade est quasiment au trois quarts vide. Seul le virage proche des perchistes vibrillonne.
A 5,85 m, de nouveau au premier essai pour Lavillenie, Lisek et Kudlicka plient bagage. Une médaille est assurée.
A 5,93 m, Lavillenie est le seul à passer au premier essai. Kendricks est trop court, et Braz passe au 2e essai.
Lavillenie-Braz, le duel pour l'or est en place. Mais Lavillenie n'est pas le nouveau Napoléon de la perche pour rien. A 5,98 m, il passe de nouveau au premier essai, battant son propre record olympique établi à Londres (5,97 m).
Braz tente alors un coup de poker: l'impasse, obligeant Lavillenie a enchaîner à 6,03 m. Le Français s'élance parmi les sifflets, peu fair-play, du public et retombe sur la barre.
Le speaker est obligé de rappeler aux spectateurs les codes de bonne conduite, et de ne pas gêner la concentration des athlètes.
Braz s'élance à son tour et ne tutoie même pas la barre.
Le deuxième essai de Lavillenie est encore plus proche que le premier. Mais la barre retombe.
- L'impensable -
C'est alors que l'impensable se produit: Braz, dont le record personnel était de 5,93 m en salle, passe au-dessus de la barre, soulevant un rugissement digne d'un stade de foot.
Lavillenie n'a alors plus le choix. Le public siffle, et en bout de piste, le Français désapprouve en tendant le pouce vers le bas: l'empereur est déçu.
Il s'élance, mais retombe de nouveau sur la barre: l'empereur est déchu.
La jubilation peut commencer pour Braz, mais la pilule est amère pour Lavillenie.
Plus tôt, Pierre-Ambroise Bosse est lui passé à deux doigts de l'exploit: 4e du 800 m (1:43.41) à l'issue d'une course dominée par le seigneur kényan David Rudisha (1:42.15).
"J'ai plein de regrets dans ma vie mais, aujourd'hui, je n'en ai pas du tout. C'est tout le contraire! J'ai fait ce que je voulais, c'est-à-dire aller chercher la gagne jusqu'au bout. Malheureusement, j'étais un peu juste", a réagi Bosse.
Rudisha réalise donc le doublé, après Londres-2012.
"C'est le plus grand moment de ma carrière", a commenté le peu disert demi-fondeur. Une courte phrase que Lavillenie aurait sans conteste aimé prononcer.