Happy Birthday : |
Ils rêvent certes de décrocher une médaille mais pour les athlètes syriens les JO de Rio (5-21 août) permettront surtout d'offrir un rayon de soleil à leur peuple qui subit depuis cinq ans une guerre ayant fait plus de 280.000 morts.
"Je vais faire tout mon possible avec mon coach pour réaliser une très bonne performance et même monter sur le podium ce qui remplirait de joie le peuple syrien", confie Majd Ghazal, 28 ans, qui concourt en saut en hauteur.
Il s'entraîne au stade Techrine dans le centre de Damas, alors que la guerre faite rage quelques km plus loin. Sous la direction de son entraîneur Imad Sarraj, le jeune syrien se targue d'avoir réalisé un bonne performance il y a un mois lors d'un tournoi à Pékin avec un saut de 2,36 m. Le record du monde est de 2,45 m.
"Ma capacité à briller à Rio dépend d'un entraînement de qualité avant la compétition (à l'étranger) car les entraînements en Syrie sont insuffisants", affirme t-il à l'AFP, déplorant que des pays comme le Maroc ou certains pays européens lui ont refusé un visa.
Depuis sa répression d'une révolte pacifique en 2011, qui s'est transformée par la suite en guerre brutale, le régime syrien a été mis au ban de la communauté internationale, la plupart des pays, y compris arabes, ayant rompu leurs relations diplomatiques avec Damas.
Et le monde sportif, à l'instar d'autres secteurs, a payé une lourd tribut de ce conflit qui, outre son lot de morts, a jeté hors de chez eux des millions de Syriens, morcelé le territoire et impliqué une multitude d'acteurs syriens, régionaux et internationaux.
La Syrie, dont c'est la 13e participation aux Jeux Olympiques, a gagné au cours de son histoire cinq médailles, dont une en or en heptathlon par Ghada Shouaa , en 1996 à Atlanta. A Pékin en 2008 et à Londres en 2012, le pays n'en avait remporté aucune.
Pour l'entraîneur de Majd, Imad Jarrah, l'athlète est capable de rivaliser avec les meilleurs du monde mais il faudrait que des pays européens lui ouvrent leurs portes afin qu'il puisse se préparer pour atteindre le niveau requis.
- Le sport à l'image du pays -
"L'insécurité empêche nos athlètes de s?entraîner et le refus de plusieurs pays de leur accorder des visas les privent de compétitions internationales", affirme le général Mouaffak Joumaa, président du Comité olympique syrien.
Mais "cela ne les a pas empêchés de persévérer et de poursuivre les entraînements dans des stades de Damas", ajoute-t-il en exprimant l'espoir que "le drapeau syrien flottera à Rio".
Lui-même s'était également vu refuser un visa d'entrer en Grande-Bretagne lors des JO de Londres, car considéré comme un soutien du régime frappé de sanctions internationales. La participation de la délégation à Londres, un an après le début de la révolte, avait d'ailleurs fait polémique.
La délégation à Rio sera formée de six membres des deux sexes: deux dont Majd Ghazal en athlétisme, deux pour la natation, un en haltérophilie et un en tennis de table. Deux autres boxeurs pourraient joindre cette délégation en cas de qualifications.
Ghaffran Mohammad, 27 ans, qui participera aux 400 mètres haies admet qu'elle est fière de participer aux JO pour la seconde fois après Londres en 2012.
"Ce sera difficile de gagner mais participer est déjà un honneur", dit-elle.
"Je continue à m'entraîner au stade Téchrine et je ne crains pas la mort" ajoute-elle, se rappelant avec tristesse les obus tombés sur ce complexe en février 2013 tuant un footballeur et blessant quatre autres. De nombreux sportifs avaient trouvé la mort à l'instar des milliers de civils dans cette guerre.
Pour le directeur du journal sportif al-Ittihad, Mohamed Abbas, la participation de la Syrie à Rio, si minime soit elle, prouve "que ce pays continue à vivre et à résister face aux terroristes", un terme utilisé par le régime pour désigner tout groupe rebelle.
Plusieurs sportifs avaient fait défection depuis 2011, notamment Abdel Basset al-Sarout grand espoir du football syrien qui a rejoint l'insurrection.