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Habitués aux montagnes russes depuis quatre ans, les fleurettistes français ont retrouvé vendredi les sommets en décrochant l'argent par équipes aux jeux Olympiques de Rio, grâce notamment à une incroyable performance en demi-finales contre l'Italie.
Mais cet argent aura un goût d'inachevé, tant ils ont dominé cette finale contre la Russie, seulement rejoints et dépassés en fin de partie lors du relais du remplaçant Jean-Paul Tony Helissey.
Comme un symbole, c'est le fleuret masculin par équipes qui a offert à l'escrime française sa première finale, lui qui s'était déchiré il y a quatre ans lors de la dernière journée du fiasco de Londres, avec des tensions qui éclataient au grand jour.
Quatre ans plus tard, plus rien! De quoi mettre définitivement le traumatisant souvenir londonien à des années-lumières, pour le premier pourvoyeur de médailles de l'olympisme tricolore (désormais 117 médailles, dont 41 titres).
Cette médaille est la première pour le fleuret français par équipes depuis Sydney et la folle aventure des Brice Guyart (aujourd'hui consultant), Lionel Plumenail , Jean-Noël Ferrari et Patrice Lhotellier .
Et pourtant, les résultats lors de l'épreuve individuelle carioca laissaient perplexes. Certes, leurs adversaires n'étaient pas des premiers venus (l'Allemand Peter Joppich , cinq fois en or aux Mondiaux, ou l'Italien Andrea Cassara ), mais ces éliminations étaient prématurées pour Enzo Lefort, Erwann Le Pechoux et Jérémy Cadot, trois garçons pétris de talent.
Vendredi, on a retrouvé le meilleur d'Enzo Lefort, médaillé de bronze aux Championnats du monde de Kazan en 2014 et depuis perdu dans son escrime. Le Guadeloupéen s'est réveillé au meilleur moment, en demi-finales contre l'Italie, championne du monde et championne olympique en titre, et grande rivale des Français.
Dans une rencontre mal commencée (10-7 pour l'Italie), il inflige un 8-2 à Andrea Cassara , renvoyant le vieillissant transalpin (32 ans) sur le banc et obligeant Andrea Baldini , moins en jambes à entrer. Lancé à pleine vapeur, le TGV tricolore est inarrêtable, pas même le champion olympique Daniele Garozzo n'a pas enrayé la mécanique, et avec comme toujours un Erwann Le Pechoux génial pour conclure (45-30).
- Sur courant alternatif en 2016 -
Et dire que cette saison, les Français restaient sur deux défaites assez sèches contre leurs meilleurs ennemis, 45-31 à Bonn en Allemagne en mars, et 45-27 à St-Pétersbourg en Russie en mai.
En finale contre la Russie, un adversaire qui leur avait pourtant bien réussi en 2013 et 2014 aux Mondiaux, les Bleus ont idéalement débuté, s'échappant de neuf touches à mi-rencontre (25-16). Mais les Russes ne sont pas du genre à lâcher et ont profité d'un Jérémy Cadot en difficulté puis de l'entrée de Jean-Paul Tony Helissey, pour reprendre les devants (40-38) et ne plus lâcher, malgré les tentatives de Le Pechoux.
Sur les quatre dernières années de l'olympiade entre Londres et Rio, les hommes de Franck Boidin se sont branchés sur le courant alternatif, au plus haut comme le titre mondial à Kazan en 2014, ou au plus bas, sèchement battus en demies et en finale un an plus tard aux Mondiaux de Moscou.
L'année 2016 aura été du même acabit, atteignant les profondeurs à Paris en Coupe du monde (sortis en quarts de finale), après un succès à Tokyo en novembre.
"On a des collectifs forts", avait prévenu la présidente de la Fédération Isabelle Lamour. Une forme de méthode Coué, après des épreuves individuelles en demi-teinte (une médaille de bronze à l'épée par Gauthier Grumier)? Le sacre du fleuret vient lui donner raison, après le faux départ des filles de l'épée jeudi, sorties dès les quarts de finale.
Voilà l'escrime française bien lancée, alors que ses deux meilleurs atouts collectifs arrivent samedi avec le sabre dames et dimanche avec ses mousquetaires de l'épée, N.1 mondiaux et redoutés de l'ensemble des équipes.