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Une tumeur bénigne sous forme de kyste osseux: c'est un problème de santé qui a entraîné une nouvelle blessure pour Teddy Tamgho , privé des JO-2016, dans une nouvelle facette de la malédiction qui frappe le triple sauteur depuis son titre de champion du monde 2013.
La bonne nouvelle, c'est que l'athlète croit en ses chances de poursuivre sa carrière. "Il n'y a pas de problème, je ne vois pas pourquoi j'arrêterais", lance Tamgho à l'AFP, par téléphone depuis son lit à l'hôpital Cochin.
Son cartilage du genou ne souffre d'aucun déplacement, auquel cas le recordman du monde en salle aurait "dû chercher à faire autre chose de (s)a vie".
Cette dernière blessure, c'est une histoire de vie. Une autre page après une fracture d'une cheville en 2011, compliquée par une excroissance osseuse opérée en 2012, une fracture du tibia gauche en novembre 2013 puis une rupture d'un tendon d?Achille en mai 2015...
"En octobre dernier, pendant ma convalescence, j'ai senti mon genou me déranger. J'ai pensé que c'était dû au fait de reprendre", dit-il.
La douleur s'estompe finalement, avant de se réveiller dans la semaine qui précède les championnats de France en salle en février. "Je n'ai pas forcément vu ça comme un gros problème", raconte-t-il. Tamgho réalise d'ailleurs un hold-up en décrochant le titre pour son retour à la compétition après huit mois d'absence, avec 16,98 m.
Malgré tout, la douleur, d'abord attribuée à une inflammation, persiste. "Ca durait longtemps pour une inflammation", note-t-il.
Alors, début mai, Tamgho profite de sa présence au Qatar pour faire son check-up médical habituel dans la clinique Aspetar avant le meeting de Doha. Et les visages se crispent.
"Pendant mon IRM, je vois la personne qui me la fait passer qui est un peu contrariée. Elle fait venir le docteur Hakim Chalabi (patron d'Aspetar) pour lui montrer. Il y a quelque chose dans mon genou et je dois faire un scanner. Je commence à prendre peur. Après ce nouvel examen, on me dit que c'est apparemment bénin. C'est un kyste osseux qui est en train de bouffer l'os". Un kyste, ou une tumeur donc.
- Secret bien gardé -
En comparant avec le check-up de l'année précédente, on découvre que le kyste était déjà présent. Mais moins gros.
Tamgho se pose alors des questions. "Est-ce que je dois le faire enlever ? Alors que c'est l'année des JO ? Rien que le fait de pratiquer une biopsie pour connaître la nature exacte du kyste m'aurait coûté un mois d'entraînement..."
Alors Tamgho décide "de serrer les dents". Il sautera à Doha. Et dans d'autres meetings. Mais le doute est présent. "On m'a parlé de carrière en suspens... Dans les concours, je n'appuyais pas à fond sur ma jambe gauche à l'impulsion".
De fait, Tamgho donne l'impression de faire du double plutôt que du triple saut, et ses performances ne dépassent pas les minima requis pour les Jeux (17,05 m)...
Le recordman du monde en salle (17,92 m) décide de garder le secret, qu'il partage juste avec ses entraîneurs Ivan Pedroso et Laurence Billy, et le directeur technique national Ghani Yalouz .
"C'était un peu une protection parce que je n'avais pas envie qu'on m'en parle, je rentrais dans le préparation des Jeux. Des Jeux que je n'ai pas faits en 2008 (non sélectionné, encore junior), en 2012 (convalescence après opération). Je voulais mettre toutes mes chances de côté pour 2016. Et puis quand on parle de kyste, les gens ne comprennent pas forcément, ils peuvent s'inquiéter alors qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter", confie-t-il.
Les analyses pratiquées à posteriori confirmeront d'ailleurs que ce kyste était effectivement bénin, non cancéreux donc.
Samedi dernier, aux championnats de France d'Angers, Tamgho saute encore sur la retenue. Jusqu'au 5e essai où il décide d'y aller franchement. Mais le kyste explose, fracturant le condyle médial du fémur.
Opéré mardi, avec une greffe osseuse pour combler le trou laissé par le kyste, Tamgho doit désormais prendre son mal en patience. "J'ai connu pire dans le sens où à la base mes blessures étaient liées au sport. Là c'est quand même psychologiquement différent", reconnaît-il.
Tamgho, qui reprendra l'entraînement au mieux dans six mois, est assuré qu'aucun autre kyste ne traîne quelque part, dans son autre jambe par exemple: "Les examens ont montré que tout allait bien".