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La police brésilienne a perquisitionné mardi les bureaux du consortium qui construit le complexe sportif de Deodoro, une des quatre aires des JO-2016 de Rio, sur des soupçons de fraude fiscale et de corruption.
"Les investigations pointent des fraudes dans le transport et la destination des gravats, avec falsification de documents publics et surfacturations", a annoncé la police fédérale (PF) dans un communiqué.
Outre la perquisition au sein du Consortium Complexe Deodoro, qui regroupe les deux grandes compagnies brésiliennes de construction OAS et Queiroz Galvao (par ailleurs citées dans le gigantesque scandale de corruption Petrobras), deux entreprises sous-traitantes ont été perquisitionnées, a précisé la PF.
Les irrégularités à Deodoro, qui impliquent des fonds du ministère des Sports, ont été détectées à la mi-2015 par un organisme public de contrôle, la CGU, qui est depuis devenu le ministère de la Transparence, selon ce dernier.
La CGU avait alors trouvé "des indices de falsification dans les registres des volumes de gravats, pour les travaux de construction civile", transportés de la zone nord de Rio, où se trouve l'aire olympique de Deodoro, à une autre ville de l'Etat régional de Rio, a précisé de son côté le ministère de la Transparence dans un communiqué.
- 'Nous savions que cela pouvait arriver' -
La perte pour les comptes publics est estimée à 85 millions de reais (21,26 M EUR) par le ministère, qui soupçonne même la création d'une société-écran pour simuler les frais.
En mars dernier, sur la base de ces soupçons, un tribunal avait bloqué le paiement de 128 millions de reais (32 M EUR).
Le Consortium Complexe Deodoro a nié toute fraude. "La modification du coût de transport des gravats est due à l'augmentation de la quantité du matériel transporté, qui n'était pas prévue dans le projet initial", a-t-il soutenu dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Cette modification n'a pas eu d'incidence sur la valeur totale des travaux inscrite dans le contrat", a-t-il ajouté.
Mais chez les deux partenaires au sein du Consortium, un a déjà pris ses distances. "OAS détient une participation minoritaire dans les travaux du Complexe Deodoro dont la gestion et l'administration incombent à l'entreprise Queiroz Galvao, leader du Consortium et responsable pour les contrats des services de soutien au développement des travaux, tout comme au retrait et au transport des gravats", a indiqué OAS à l'AFP.
Du côté du comité d'organisation des JO (5-21 août), Rio2016, "nous ne nous attendions pas à cela, mais nous savions que cela pouvait arriver", a réagi son directeur de la communication, Mario Andrada, sachant que tout ce qui tourne autour de l'enquête sur le scandale Petrobras "renvoie à toutes les grandes compagnies de construction du pays".
"Nous garantissons qu'avec les entreprises et les standards que nous avons, nous serons prêts pour organiser des Jeux grandioses et protéger les athlètes et les touristes", a-t-il ajouté.
La mairie de Rio a pour sa part décliné toute responsabilité. "C'est une affaire que nous suivons mais qui concerne le Consortium, personne à la mairie n'était au courant", a dit à l'AFP un porte-parole.
- Clientélisme ? -
Par ailleurs, le maire, Eduardo Paes, est soupçonné de clientélisme. Un juge du Tribunal régional électoral (TRE) a bloqué l'initiative de la municipalité d'acheter 547.000 billets d'entrée des jeux Olympiques et paralympiques pour les offrir à des fonctionnaires, des jeunes et des handicapés.
Cet achat, d'une valeur totale de 5 millions de reais (1,25 M EUR), est suspect car il a été fait dans une année électorale, estime le juge selon la presse.
"La mairie est en train de donner tous les éclaircissements requis par le juge, et va argumenter qu'il n'y a aucun clientélisme", a-t-elle réagi.
Les élections municipales se tiennent en octobre. M. Paes, après deux mandats, ne peut se représenter, mais soutient son ex-premier adjoint, Pedro Paulo.