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© AFP/MARTIN BUREAU
Le nageur américain Ryan Lochte
en conférence de presse à Rio, le 3 août 2016
En inventant avec ses amis nageurs une fausse agression policière à Rio, le champion américain de natation Ryan Lochte s'est précipité du podium de l'Olympe jusqu'aux profondeurs insondables de la déchéance, devenant brutalement l'homme le plus honni des Etats-Unis.
De ce plongeon dans le bassin de l'opprobre, alourdi par ses 6 médailles d'or, 3 d'argent et 3 de bronze, le nageur de 32 ans en ressortira sa Li Du rablement, malgré ses regrets en demi-teinte vendredi.
"Je souhaite m'excuser pour mon comportement le week-end dernier, pour ne pas avoir fait plus attention et ne pas avoir été plus franc dans la manière dont j'ai raconté les événements qui se sont produits tôt ce matin-là", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Lochte et ses coéquipiers Gunnar Bentz, Jack Conger et James Feigen avaient prétendu avoir été braqués par des faux policiers dimanche à l'aube, alors qu'ils rentraient en taxi au Village olympique après une longue nuit arrosée au Club France, dans un quartier huppé de Rio.
- "Barrière de la langue" -
En réalité, ils ont été filmés dans une station service où ils sont accusés d'avoir uriné sur les murs et vandalisé l'intérieur des toilettes. Les gardiens présents leur auraient demandé de rembourser les dommages, l'un d'entre eux dégainant son arme tandis que Lochte refusait de coopérer.
"C'est traumatisant d'être dehors tard avec des amis dans un pays étranger, avec la barrière de la langue, et d'avoir un étranger qui vous pointe dessus un pistolet en vous demandant de l'argent pour vous laisser partir", a tenté de faire valoir le sextuple champion olympique, dans ses excuses publiques.
Ryan Lochte , qui avait teint ses cheveux en vert-argenté pour Rio, a précisé avoir attendu quelques jours avant de faire cette déclaration, le temps que l'affaire soit réglée légalement et que ses trois coéquipiers puissent rentrer sereinement aux Etats-Unis.
Mais tout n'était pas réglé vendredi soir. Comme James Feigen, Ryan Lochte se voit reprocher l'infraction pénale de "dénonciation mensongère d'un délit", a indiqué la police brésilienne.
Le premier, présenté jeudi soir à la juge en charge du dossier, a accepté une transaction lui permettant d'échapper aux poursuites une fois le versement d'une amende effectué.
Ayant lui quitté le Brésil plus tôt, Ryan Lochte pourrait être, le cas échéant, interrogé par un juge américain sur commission rogatoire brésilienne, a précisé la police à Rio.
"J'aurais dû être davantage responsable dans la manière dont je me suis comporté. Pour cela je m'excuse auprès de mes coéquipiers, de mes fans, des autres concurrents, de mes sponsors et des organisateurs de ce grand événement", a-t-il ajouté dans son message de contrition.
- Lochte, image... en loques -
Mais le mal est fait, en tout cas pour son image publique gravement écornée et sa réputation désormais taillée en pièces par les tabloïdes.
Le Daily News a titré en première page "The Lochte Mess Monster", jeu de mot associant "mess" ("désastre") et monstre du Loch Ness. Le New York Post a de son côté affiché à sa "une" la photo de Lochte, posant comme un mannequin, légendée par contraste "L'horrible Américain".
" Ryan Lochte incarne tout ce que le monde déteste à propos des Américains", estime ce dernier quotidien, en citant "le sentiment que tout lui est dû" et le "complexe de supériorité".
Le cas Lochte a même été comparé au "dégoût" qu'a inspiré l'an dernier Walter Palmer, le fortuné dentiste américain qui avait chassé et tué Cecil, célèbre lion à crinière noire de la plus grande réserve du Zimbabwe.
Dénoncés pour leur "arrogance", Lochte et ses compagnons d'entraînement, qui sont chacun montés sur la plus haute marche du podium à Rio, se voient notamment reprocher d'avoir plongé les Etats-Unis dans l'embarras.
On les accuse aussi d'avoir affiché un mépris coupable pour la police brésilienne -comme si elle n'aurait pas été capable de découvrir leur supercherie - et d'avoir surexploité en cliché la difficile réputation de Rio en terme de criminalité.
"C'en est fini de Lochte comme personnage public. Ce qui n'est que justice pour quelqu'un qui apparemment est prêt à tout pour capter l'attention", en a conclu Sally Jenkins, une éditorialiste du service des sports du Washington Post.
De nombreux Américains trouvaient toutefois des circonstances atténuantes au quatuor de fêtards, en parlant d'une regrettable erreur de jeunesse.