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Rosa travaille tard le soir et le retour chez elle, dans une des favelas les plus dangereuses de Rio, dépend d'un service de bus actuellement réduit: l'héritage des JO-2016 n'a pas encore frappé à sa porte.
Héritage olympique, "kézako" ? Un système de transport étendu et modernisé, de nouvelles routes, davantage de logements sociaux et d'écoles, de la sécurité et de nouveaux espaces verts: la mairie avait promis "une ville rénovée et plus intégrée" pour les jeux Olympiques (5-21 août).
Mais il reste encore énormément à faire: la pauvreté règne dans les favelas depuis des décennies et les fusillades y sont monnaie courante, comme à la Maré, où Rosa, femme de ménage âgée de 50 ans, vit depuis 18 ans.
"Les gens imaginaient que les Jeux allaient résoudre les problèmes du Brésil ou qu'ils allaient en engendrer. Ni l'un ni l'autre: c'est une occasion pour améliorer la ville. Ne vous attendez pas à Chicago ou Tokyo. Comparez Rio à Rio", assure le maire carioca, Eduardo Paes, pour mettre en valeur les transformations à l??uvre depuis que sa ville a obtenu l'organisation des JO en 2009.
Rosa, qui a demandé qu'on ne cite pas son nom de famille, reste sceptique: "Ces Jeux n'ont pas profité à la classe ouvrière".
La mairie se félicite, elle, que 63% des 6,4 millions de Cariocas auront accès aux transports publics en 2017 (contre seulement 17% en 2009) grâce à une nouvelle ligne de métro, la construction de 156 kilomètres de couloirs de bus express et la réintroduction du tram dans le centre ville.
"Le transport est le principal héritage du fait du volume des investissements et de la quantité des bénéficiaires", estime Rafael Picciani, premier adjoint au maire, auprès de l'AFP.
- 'Rationalisation' controversée -
Le bus est le grand convoyeur des habitants à travers cette ville très étendue, lovée entre océan et montagnes, et aux embouteillages infernaux.
Il est utilisé par 37% de la population, contre 4% seulement pour le métro, dont la nouvelle ligne reliera le secteur touristique de Copacabana-Ipanema au quartier moderne de Barra da Tijuca, le centre névralgique des Jeux.
La mairie fait également état d'une "rationalisation" des lignes de bus. Elle en a unifié certaines, éliminé d'autres, afin de réduire le nombre de véhicules dans les rues.
Mais pour Rosa, ce fut une catastrophe puisqu'elle doit désormais attendre plus longtemps à sa station de bus, ce qui rallonge son temps de parcours.
Autre legs olympique: la piste cyclable qui devait relier la plage d'Ipanema à Barra le long d'une corniche de carte postale. Las, en avril peu après son inauguration, une vague en a détruit un tronçon, faisant deux morts. La piste, dont la conception est très critiquée, est désormais fermée jusqu'à fin août au moins.
Jusqu'à 85.000 policiers et militaires (le double des effectifs des Jeux de Londres-2012) seront déployés pour garantir la sécurité pendant les Jeux, essentiellement à Rio, avec des effectifs également dans les cinq autres villes où se disputeront les tournois de foot.
Et ensuite ? C'est ce que se demande Rosa chaque fois qu'elle voit les impacts de balles dans son quartier, qui rappellent la présence continue d'une violence extrême.
Comme de nombreuses autres favelas, la Maré, un gigantesque ensemble traversé par l'autoroute qui mène à l'aéroport international, a d'abord été occupée par des militaires, puis par des policiers, dans le cadre du programme de "pacification" visant à reprendre le contrôle de cet immense bidonville aux mains des narco-trafiquants.
- Insécurité -
Mais la vente de drogue s'est poursuivie et beaucoup d'habitants assurent que les trafiquants ne sont en fait jamais partis.
Et la sévère crise économique a aggravé les choses, avec un regain du trafic et un affaiblissement policier, privé de moyens par un Etat régional de Rio exsangue.
Lors des cinq premiers mois de 2016, 2.083 assassinats ont été répertoriés dans l'Etat de Rio, 14% de plus que sur la même période l'an dernier. Les agressions et les vols de voitures ont également augmenté.
Les JO laisseront pour le long terme de nombreuses installations sportives, construites avec 60% des fonds privés. Et sans aucun "éléphant blanc", affirment les autorités municipales, contrairement à certains stades du Mondial-2014, très peu utilisés depuis.
Certaines enceintes seront transformées en écoles, utilisées pour des événements, mais aussi pour la pratique du sport ou du loisir en général.
Les habitants de Deodoro, un des quartiers les plus pauvres de la ville, ont ainsi déjà pu s'ébattre dans leur parc aquatique, qui accueillera l'épreuve de natation du pentathlon moderne, entouré de végétation tropicale.