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Les Stepanov, Yulia et Vitali, athlète et ancien contrôleur de l'agence antidopage russe, et Gregori Rodtchenkov, ancien directeur du laboratoire de Moscou, symbolisent la guerre froide sportive qui met aux prises la Russie aux instances internationales de l'antidopage et de l'athlétisme.
Lanceurs d'alerte pour les uns, traîtres pour les autres: Yulia et Vitali Stepanov, pris entre deux feux, vivent aujourd'hui aux Etats-Unis, après être passés par l'Allemagne en compagnie de leur petit garçon, qui n'avait alors que 8 mois.
La faute aux déclarations de Yulia, visage découvert, dans un documentaire de l'ARD diffusé en décembre 2014. Cette ancienne coureuse de 800 m, suspendue deux ans pour dopage, y dévoile les rouages d'une tricherie à grande échelle, orchestrée par les autorités sportives russes et couvertes par de la corruption.
Depuis son exil américain, elle rêve néanmoins de participer aux prochains JO de Rio, ce que le Conseil de l'IAAF devra trancher vendredi à Vienne. De quoi susciter l'ire de Moscou.
"Ca ne devrait pas être une sorte de récompense", tranchait le ministre russe des Sports Vitali Moutko, en mars dernier auprès de l'agence R-Sport. "C'est une chose si elle avait dénoncé tout le monde avant qu'elle ne soit suspendue, avant qu'elle ne se fasse prendre pour dopage. Mais c?en est une autre de tout dire une fois qu'elle a été prise. Ca ressemble plutôt à une récompense pour elle. La participation de Stepanova aux JO, sans sélection, sans avoir à se qualifier, est préjudiciable aux athlètes propres qui ont une conduite honnête. Il est apparemment plus facile d'aller aux Jeux en se dopant, en étant suspendu pour dopage et en insultant les autres", a-t-il asséné.
- Stepanov ? "un escroc" selon les Russes -
Son mari Vitali, sur le front des déclarations depuis plusieurs mois également, n'est évidemment pas épargné non plus.
"Un escroc": c'est ainsi que Moutko a qualifié l'ancien contrôleur antidopage de la Rusada en mai dernier.
"Qui est Stepanov ? Il s'est fait virer d'ici comme un escroc (...). Il est malheureusement intéressé pour quelque raison par les réalisateurs de films ou de show télévisés. Vous voyez bien ce qu'il y a derrière", a lâché le ministre.
Le cas de Grigori Rodtchenkov est tout aussi épineux. Lui aussi a fui aux Etats-Unis, après que deux anciens responsables de la Rusada ont trouvé la mort en février, touchés par des crises cardiaques sans que leurs antécédents médicaux ne fassent état d'une quelconque faiblesse annonciatrice.
Dans les colonnes du New York Times, l'ancien patron du laboratoire de Moscou a dévoilé en mai une nouvelle facette de la culture de la triche dans le sport russe: la participation des services secrets du pays (FSB) à l'échange d'échantillons lors des JO d'hiver de Sotchi-2014, pour masquer des cas positifs.
"Cela ressemble tout simplement aux calomnies d'un transfuge", a asséné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Nous voyons que le camarade Rodtchenkov met son doigt dans les affaires de gens qui l'ont abrité, qui l'ont payé", a renchéri Moutko.
Dans un communiqué, le ministre a même précisé sa pensée: "Rodtchenkov (...) a été démis de ses fonctions dès que les preuves de ces activités illégales ont été établies. Rodtchenkov a fait en sorte de tromper la communauté antidopage pendant des années (...). Selon son propre aveu (...), Rodtchenkov a mené des activités illégales qui ont violé le fair-play pendant des années. Toute déclaration de Rodtchenkov doit être analysée en prenant compte tout cela".