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Rio de Janeiro accueillera un demi-million de visiteurs pour les JO (5-21 août), le plus grand événement sportif de la planète. Les autorités seront concentrées sur la violence habituelle dans la ville, davantage que sur les menaces d'attentat.
"J'ai une confiance totale dans nos préparatifs pour la sécurité des Jeux", a clamé à un mois du coup d'envoi Andrei Rodrigues, secrétaire extraordinaire à la Sécurité des grands évènements, se disant "totalement serein".
Mais la découverte, le même jour, d'un cadavre découpé en morceaux tout près du site olympique de beach-volley, sur la plage de Copacabana, a quelque peu brisé cette sérénité.
Et les policiers de Rio, qui ont vu une cinquantaine de leurs collègues tués cette année et manifestent contre les retards de paiement de leurs salaires, ont du mal à garder leur calme.
L'Etat de Rio, l'un des plus dangereux du Brésil, a dénombré 2.083 meurtres sur les cinq premiers mois de 2016, un bond de 14% en un an, tandis que les agressions se multiplient.
Incident le plus embarrassant pour les organisateurs des JO: les chaînes de télévision allemandes ARD et ZDF se sont fait voler récemment leurs équipements techniques. Le butin évalué à 400.000 euros a finalement été retrouvé.
- Frontières poreuses -
Les vraies zones d'insécurité sont situées dans le nord de ville, où se trouvent d'énormes favelas, loin des quartiers de Barra, Copacabana et Ipanema, prisés des touristes.
Les autorités ont mis en place depuis huit ans un ambitieux programme pour reprendre le contrôle dans les favelas aux gangs de narco-trafiquants puissamment armés.
Mais ces derniers cherchent à récupérer leurs territoires, profitant de la crise économique qui a plongé l'Etat de Rio au bord de la faillite, privant les forces de police de moyens.
Le mois dernier, une vingtaine d'hommes armés ont débarqué dans un hôpital du centre de Rio pour en exfiltrer un de leurs chefs surnommé "Fat Family". La police aurait tué neuf personnes dans la chasse à l'homme qui s'en est suivie, sans parvenir à remettre la main sur le chef du gang.
Le Brésil n'étant impliqué dans aucune guerre et étant très éloigné de pays comme la Syrie, le Brésil considère comme assez réduits les risques d'attentat.
Mais accueillir l'événement sportif le plus regardé au monde attirera forcément les regards, prévient Robert Muggah, expert en sécurité au sein du think tank Igarape, à Rio.
"Si un groupe terroriste veut marquer un grand coup à un événement mondial, Rio serait un bon endroit pour commencer", souligne-t-il.
La frontière avec le Paraguay est notoirement poreuse et celle avec l'Uruguay a été traversée en toute illégalité, en juin, par un ex-détenu de la base américaine de Guantanamo, accueilli comme réfugié par le petit pays sud-américain.
Et pour trouver des armes de guerre, il suffit d'aller faire un tour dans les favelas.
- La 'prochaine cible'? -
En juin, les services secrets brésiliens ont dit avoir détecté des messages en portugais liés au groupe Etat islamique (EI) sur un forum internet. Plus explicite encore, après les attentats de Paris en novembre, un jihadiste français d'EI a tweeté que le Brésil serait "la prochaine cible".
Quelque 65.000 policiers et 20.000 soldats (le double des effectifs des Jeux de Londres-2012) seront mobilisés à Rio.
Le centre de coordination policière inclura des forces de 55 pays et celui chargé de l'antiterrorisme, des agents de sept pays dont les Etats-Unis, la France et l'Argentine.
Des vérifications ont déjà été menées sur 394.000 visiteurs, l'objectif étant d'en réaliser 600.000 au total.
Mais le Brésil affrontera aussi ses propres problèmes pendant les Jeux: la tension politique pourrait déclencher de nouvelles manifestations alors que la présidente de gauche Dilma Rousseff, suspendue en mai pour maquillage des comptes publics, risque une destitution juste après les JO.
Et au milieu d'une récession historique pour le pays, l'Etat de Rio a obtenu en catastrophe une rallonge fédérale de 2,9 milliards de réais (870 millions de dollars).
L'argent doit servir à combler les retards de salaires des policiers et le manque criant de matériel, du combustible au papier hygiénique.
"Bienvenue en enfer!", inscrit sur une pancarte, a d'ailleurs été le message d'accueil des policiers en colère pour les touristes débarquant cette semaine à l'aéroport international de Rio, accompagné de cette phrase inquiétante : "Celui qui vient à Rio n'est pas en sécurité".