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Sur le tartan du stade de Tcheboksary, sur les bords de la Volga, les athlètes attendaient sans illusion mardi la décision du Comité international olympique qui pourraient entrouvrir, à certains d'entre eux, la porte des JO de Rio.
Le sort de l'athlétisme russe, accusé de dopage institutionnalisé, se joue en effet à Lausanne, à 3.500 km plus à l'ouest de cette ville de Russie où se déroulent les championnats nationaux d'athlétisme.
Pour les plus jeunes athlètes, ce championnat est le premier. Pour d'autres, comme la double championne olympique de saut à la perche Yelena Isinbayeva, le stade de Tcheboksary pourrait être le théâtre de leur sortie et de leur fin de carrière, faute de JO.
Lors du "sommet olympique" de Lausanne, à moins de deux mois de l'ouverture des Jeux au Brésil (5-21 août), le CIO pourrait décider d'autoriser certains athlètes russes à s'aligner, vraisemblablement sous une bannière neutre, comme le drapeau olympique. Pour les autres, les JO se verront à la télévision.
"Nous voulons coordonner nos efforts afin de protéger les athlètes propres", a ainsi assuré le président du CIO Thomas Bach à l'ouverture d'un sommet olympique qu'il a qualifié d'"important".
Les athlètes devront "prouver qu'ils ont été soumis à une surveillance et à des contrôles antidopage crédibles, durant une période appropriée", comme l'a suggéré la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Autrement dit, à condition de s'entraîner à l'étranger.
C'est le cas notamment de la spécialiste du saut en longueur Darya Klishina, basée en Floride, à la prestigieuse académie IMG. "Il y a un petit espoir pour moi", confiait à l'AFP la jeune femme de 25 ans, qui ne cachait pas lundi soir se sentir "beaucoup mieux que les autres athlètes".
"Quelques-uns m'ont déjà dit hier: +tu dois y aller, même si c'est seule, tu dois te battre et défendre l'honneur de notre pays. Vas-y, saute, et fais une performance+", ajoutait la double championne d'Europe en salle, qui ne s'était pas qualifiée pour les JO de Londres en 2012.
Pour le spécialiste du triple saut Lyukman Adams, l'état d'esprit était très différent. "Il peut y avoir des changements (dans la décision de l'IAAF), mais les choses peuvent toujours empirer. S'il y a des changements, je ne pense pas qu'ils seront positifs", s'inquiétait-il.
- Le souvenir de 1980 -
Parallèlement, le scandale de dopage organisé, qui est vite devenu une affaire politique en Russie, s'est invité à la Douma, la chambre basse du parlement russe. Dans une résolution adoptée à l'unanimité, les 429 députés ont accusé l'IAAF de ressortir de la "naphtaline" l'arme du boycott, utilisée lors des Jeux de Moscou en 1980 par les Occidentaux suite à l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques l'année précédente.
"La répression envers les sportifs qui n'ont jamais pratiqué un jeu malhonnête, c'est non seulement une décision injuste, mais qui sape les bases du mouvement olympique", martèlent les députés russes tout en espérant que "la raison l'emportera sur les émotions".
Quelle que soit la décision du CIO, nombre d'athlètes russes hésitent à concourir sous la bannière olympique quant ils n'affichent pas clairement leur hostilité, à l'exemple de Yelena Isinbayeva.
"Je suis Russe, j'ai un pays, j'ai un drapeau", clamait devant la presse celle qu'on surnomme "la Tsarine". "Notre équipe ne boycotte pas les jeux Olympiques et il n'y a pas de guerre dans notre pays. Nous n'avons donc aucune raison de concourir sous le drapeau olympique."
Isinbayeva, qui a promis de contester devant les tribunaux la décision de l'IAAF, ne désarme donc pas.
Pas plus que la Fédération russe d'athlétisme. L'instance soutiendra les athlètes voulant attaquer la décision de leur Fédération internationale et ira "probablement en justice" elle aussi, une fois le rapport final de l'IAAF reçu, affirmait lundi son président Dmitri Chliakhtine.
En attendant, elle souhaite obtenir plus de précisions sur les critères d'éligibilité pour les athlètes pouvant encore espérer s'aligner au Brésil, et enverra une requête en ce sens à l'IAAF.
"Que veut dire (s'entraîner) en dehors de la Russie?", s'interrogeait ainsi lundi l'entraîneur Iouri Borzakovski.
"Nous avons organisé un camp d'entraînement de trois mois au Portugal. S'ils (l'IAAF) veulent soulever plus précisément cette question, je suppose qu'ils parlent des athlètes qui s'entraînent à l'étranger en dehors de l'équipe russe", estimait-il, fataliste.