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© AFP/FABRICE COFFRINI
Le président du Comité international olympique Thomas Bach
en conférence de presse à Rio, le 4 août 2016
Le président du Comité international olympique Thomas Bach , déjà mis en difficulté dans le dossier du dopage russe, doit faire face à une nouvelle crise, rattrapé par l'affaire de revente illégale de billets pour les JO-2016, dans laquelle la police brésilienne souhaite l'entendre "comme témoin".
Mais l'Allemand, en poste depuis trois ans, et qui a renoncé à assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques cette semaine à Rio, ne compte pas se rendre au Brésil "dans l'immédiat".
"Nous voulons entendre Thomas Bach comme témoin, car il a été cité dans des e-mails, et nous voulons tirer au clair certains doutes", a déclaré jeudi Ronaldo Oliveira, un chef de la police civile de Rio.
Cette convocation tombe mal pour le patron du CIO, qui avait terminé soulagé des Jeux de Rio pourtant mal engagés, avec en filigrane l'exclusion de nombreux sportifs russes sur fond de dopage d'Etat et les inquiétudes quant à l'organisation des épreuves, dans un pays secoué par une profonde crise économique et politique.
Le successeur de Jacques Rogge, élu en septembre 2013, est rattrapé par le scandale qui avait éclaté le 17 août avec l'arrestation de l'un des membres les plus éminents du CIO, l'Irlandais Patrick Hickey, soupçonné d'appartenir à un réseau de vente illégale de billets pour les JO-2016.
M. Bach n'a pour le moment pas prévu de s'exprimer. Après avoir assisté mercredi aux obsèques de l'ancien président allemand, Walter Scheel, le patron du CIO doit se rendre durant le week-end en Croatie pour les 25 ans du Comité national olympique, selon une porte-parole du CIO.
- Pas 'suspect' -
Membre du CIO depuis 1995, M. Hickey, 71 ans, avait été incarcéré le 17 août puis remis en liberté pour raisons de santé. Mais il a dû remettre son passeport, avec interdiction de quitter le territoire brésilien.
L'affaire n'est pas sans rappeler celle qui a coûté son poste au Français Jérôme Valcke, ex-secrétaire général de la Fifa, limogé pour son implication présumée dans un réseau de revente de billets pour le Mondial-2014 au Brésil.
Au total, le trafic autour des JO de Rio a généré une recette "d'au moins 10 millions de réais" (2,8 millions d'euros) selon la police, qui a saisi 781 billets destinés à être revendus à des prix très élevés, notamment pour les cérémonies d'ouverture et de clôture.
"S'il (M. Bach) entre au Brésil, nous allons le convoquer pour témoigner, mais cela ne le met pas en position de suspect", a précisé jeudi à Rio le commissaire Aloysio Falcao.
Mais le président du CIO n'a pas "pour le moment prévu de se rendre au Brésil", a réagi le CIO, alors que son absence à la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques - inédite depuis 1984 pour le président de l'olympisme - avait déjà alimenté les spéculations des médias brésiliens.
- '296 billets supplémentaires' -
Concrètement, la police brésilienne veut entendre le patron du CIO sur certains courriels échangés avec M. Hickey au sujet de billets pour les Jeux de Rio.
© AFP/JACK GUEZ
L'Irlandais Patrick Hickey, membre du CIO, lors des Jeux européens de Bakou, le 24 juin 2015
En juillet 2015, M. Hickey avait ainsi envoyé un mail à M. Bach pour solliciter plus de billets que ceux qui lui avaient été octroyés, alléguant qu'il en avait obtenu plus pour les JO de Londres en 2012, a précisé Ricardo Barboza de Souza, commissaire des fraudes, jeudi à Rio.
"M. Bach n'a pas répondu, mais nous savons que M. Hickey a obtenu 296 billets supplémentaires pour les JO de Rio, c'est pourquoi nous voulons entendre le président du CIO", a-t-il poursuivi.
Cet échange de mails a été trouvé sur le disque dur de l'ordinateur de Martin Burke, un autre membre du comité olympique irlandais, lors d'une perquisition effectuée par la police à Rio dans l'hôtel de la délégation irlandaise.
S'il ne se rend pas au Brésil, M. Bach peut-il être entendu par la justice suisse dans le cadre de l'entraide judiciaire ? "Le Ministère public de la Confédération (MPC) est avant tout l'autorité d'enquête et de poursuite pénale de la Confédération", a indiqué le MPC, interrogé par l'AFP. "Il est compétent pour la poursuite des infractions qui relèvent de la juridiction fédérale. Ce cas n'est pas dans la compétence du MPC."