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De Portland où il a conquis un deuxième titre mondial en salle en saut à la perche, Renaud Lavillenie a aussi et surtout ramené une confiance gonflée à nouveau à bloc et quelques certitudes qui doivent le ramener au sommet lors des jeux Olympiques de Rio en août.
Il n'y a guère que le Mount Hood, ce volcan couvert de neige qui culmine à plus de 3400 m et qui surplombe Portland, que le Français n'a pas conquis lors de sa semaine en Oregon.
Le roi incontesté du saut à la perche a évolué à haute altitude lors des Mondiaux-2016: il a dépassé pour la troisième fois de l'hiver, la 18e fois de sa carrière, la barre mythique des 6 m pour s'offrir une nouvelle consécration planétaire.
"Il a eu un peu de marge, tant mieux, mais ce n'est pas toujours cousu de fil blanc comme cela. Quand Renaud est à son vrai niveau, dans un état de forme normal, c'est dur d'aller le chercher", résume son entraîneur, Philippe d'Encausse.
- 'Malin plaisir' -
Mieux encore, dans la perspective de la finale olympique qui aura lieu le 15 août, il a mis une pression déjà étouffante sur ses rivaux qui ont assisté, médusés et désemparés, à sa démonstration en trois sauts (successivement à 5,75 m, 5,90 m et 6,02 m) avec, en prime, la meilleure performance mondiale de l'année et le record des Championnats du monde en salle.
"Il s'est fait un malin plaisir à en remettre une petite couche, c'est le jeu", a admis son entraîneur.
Et encore le Canadien Shawn Barber, champion du monde 2015 en plein air à Pékin mais seulement 4e jeudi, le nouveau phénomène américain Sam Kendricks, médaillé d'argent, le Grec Konstadínos Filippidis ou encore l'Allemand Raphael Holzdeppe , champion du monde 2013 et vice-champion du monde 2015, seul absent de marque à Portland, ont échappé au pire.
Lavillenie n'a en effet "jamais eu un super feeling avec le sautoir de Portland". "Je n'arrivais pas à me lâcher sur les dernières foulées. A +6,17+, je l'ai vraiment ressenti, il faut que je sois vraiment à bloc pour faire cette perf, sinon tu vas à la catastrophe", a souri le Clermontois, qui a connu une grosse frayeur en s'attaquant à son record du monde (6,16 m).
Lors de son deuxième essai, il s'est pris les pieds dans la barre et est retombé sur le butoir: la mésaventure lui a rappelé que même s'il a dominé son sujet et ses adversaires, tout pouvait rapidement basculer.
- Comme en 2012? -
"Il y a sept semaines, je ne pouvais pas m'imaginer sauter si haut", a-t-il noté en référence à des pépins physiques à une cheville et un genou qui l'ont par exemple cloué à 5,70 m lors du meeting de Rouen en janvier.
Une saison indoor qui débute mal, à cause d'une blessure, et qui se termine par une couronne mondiale, Lavillenie en a déjà connu une: "En 2012, j'avais eu le même profil de saison", a-t-il fait remarquer.
Blessé à la main gauche en décembre 2011 (fracture siphoïde du 3e métacarpe de la main gauche), il était revenu à temps pour remporter le titre mondial en salle à Istanbul, avant de s'offrir l'or olympique à Londres quelques mois plus tard.
Tous les signaux sont au vert avant de lancer la préparation de la saison estivale. "Air Lavillenie" a même tordu le cou à ses mauvais souvenirs des Mondiaux-2015 de Pékin qu'il avait terminé à une très décevante 3e place.
"L'été dernier, j'étais pareil (à ce même niveau, NDLR) et ce n'est pas passé. Depuis le lendemain des Mondiaux de Pékin, je pensais à ce Championnat, il fallait que je me rattrape ici", a-t-il rappelé.
"Mais ce n'est pas parce que j'ai gagné ici que je serai champion olympique cet été. Il faut continuer à travailler", a conclu Lavillenie, le regard déjà tourné vers Rio et son emblématique Pain de Sucre.